raignant des effets d’annonce en pleine mobilisation agricole, les vignerons du Midi restent particulièrement circonspects après la présentation ce mercredi 31 janvier d’un plan national d’aides à la viticulture doté de 80 millions d’euros pour un fonds d’urgence (pour les pertes de récolte et difficultés économiques, devant ouvrir ce lundi 5 février) et de 150 millions € pour compléter un futur arrachage temporaire (pour la restructuration et la diversification, si les négociations européennes aboutissent). Face aux incertitudes (plafond des minimis pour le fonds d’urgence ? Pas de prime à l’arrachage pour les arrêts complets d’activité ?), les représentants viticoles se montrent d’autant plus prudents qu’ils ne savent pas précisément quand viendra Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, préciser ce plan d’action dans l’Hérault, l'engagement du vendredi 2 février pouvant être avancé/modifié, ou non.
Dans l’immédiat, « nous serons très vigilants pour que les mesures annoncées bénéficient effectivement et directement aux vignerons » indique dans un communiqué le Syndicat des Vignerons de l’Aude, réuni ce 31 janvier en conseil d’administration. « Dans l'attente du rendez-vous avec le ministre et des précisions nécessaires, notamment sur les critères d’éligibilité, nous soutenons les différentes actions en cours dans l’Aude » ajoute le collectif vigneron, alors que la colère agricole reste forte. Il faut dire que les maux sont nombreux, et ne sont pas effacés par ce qui ne reste encore que des paroles ministérielles.


« La viticulture tousse et s’enrhume » diagnostique un communiqué de la Fédération Sud des AOC, listant une succession de fléaux s’abattant sur le vignoble : « augmentation des coûts de production, accumulation de normes administrative, aléas climatiques à répétition, évolutions incessantes des règles environnementales qui placent nos vignerons dans une incertitude croissante, crise morale face à un manque de lisibilité des politiques publiques et aux conséquences grandissantes des changements climatiques ». Pour le syndicat régional des vins d’appellation, « le gouvernement n’a apporté que des réponses partielles à ces préoccupations que nous portons depuis de nombreuses années. Nous sommes d’ailleurs étonnés que le Ministre soit resté silencieux cette semaine lors de ses annonces sur le sort des vignerons qui veulent arrêter définitivement leur activité, aucune solution ne leur est proposée. »
En supplément des aides conjoncturelles en négociation (fonds d’urgence, arrachage temporaire et aide au stockage privé), la Confédération Nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC) finalise une plateforme de revendications nationales plus structurelles : « simplification administrative (dématérialisation, guichet unique), faciliter la transmission des exploitations agricoles (pacte Dutreil agricole), soutien au recrutement de main d’Å“uvre, amélioration de l’assurance récolte (moyenne olympique), cohérence des normes environnementales avec l’activité, ou encore la garantie de prix objectifs de nos productions » liste la Fédération AOC Sud. Alors que les manifestations agricoles se poursuivent, mobilisant les vignerons sur les ronds-points et autoroutes, le verre des aides à la filière semble encore à moitié vide.