n 2023, la France a enregistré 57 729 défaillances d’entreprises d’après la dernière étude du cabinet Altares, soit une augmentation de 36 % du nombre de cessation des paiements par rapport à 2022 (où l’indicateur augmentait déjà de +49 % par rapport à 2022). Dans ce panorama des procédures collectives, le secteur agricole « se distingue très avantageusement avec une sinistralité contenue à "seulement" +7,1 % (1 288 défauts) » note le cabinet d’experts, pointant des « chiffres sévères pour la pêche en mer (35 défauts, + 94%) et la culture de la vigne (130 défauts, +47,7 %) ».
Interrogé par Vitisphere, Thierry Million, le directeur des études de la société Altares, précise qu’« une défaillance sur dix du monde agricole se situe dans la culture de la vigne. Certes les jugements de liquidation directes sont très minoritaires dans cette activité (33 %, contre 71 % sur l’ensemble de l’économie) mais cette recrudescence des défauts illustre la panne sèche dans laquelle se trouvent les trésoreries de nombreux acteurs de la filière ». Notant que le transfert en prêts bonifiés des Prêts Garantis par l’État (PGE) « doit permettre aux viticulteurs de retrouver un peu d’oxygène, cela pourrait parfois ne pas suffire » ajoute l’expert. D’autant plus que Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, concède que les banques doivent encore être motivées pour mettre en œuvre ce dispositif d’aide aux trésoreries vigneronnes.


Tous secteur d’activité confondus, le quatrième trimestre 2023 a enregistré 16 820 défaillances. « La France enregistre l’un des pires quatrièmes trimestres sur 30 ans » pointe Altares*, voyant dans cette dégradation l’effet d’un « contexte inédit de "permacrise" dans lequel les entreprises naviguent depuis 4 ans ». Pour la filière vin, on peut lister de manière non-exhaustive les taxes Trump fin 2019, la crise covid en 2020, le gel historique de 2021, les conséquences multiples de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022 (tensions sur la logistique, inflation des matières sèches, perte de pouvoir d’achat)… Sans oublier une déconsommation continue de vin depuis des décennies.
* : « Mais 2023 reste encore loin des référentiels de crises historiques » dans son ensemble indique le cabinet, notant que récemment, « seule la période de récession de 1992 - 1993 avait amené la France à des seuils comparables (choc pétrolier et la récession historique que connaît la France provoque une déflagration dans le tissu d’entreprises. Le pays connaît pour la première fois plus de 60 000 défauts par an). »