uvrant ce lundi 29 janvier pour 3 jours, le salon Millésime Bio n’a pas à pâtir des mobilisations agricoles actuelles. Saluant « l’esprit de responsabilité de la FDSEA 34, des Jeunes Agriculteurs, de la Coopération Viticole et des Vignerons Indépendants pour permettre la tenue de Millésime Bio », le préfet de l’Hérault, Francois-Xavier Lauch, notant lors de son discours d’inauguration que « ce n’était pas évident il y a quelques jours » avec des barrages routiers maintenus jusque dans la nuit de ce samedi 27 janvier. Si « cela aurait été incompréhensible face à la demande de la filière viticole de vendre son vin », le représentant de l’État reconnaît avoir « bien à l’esprit que cela n’enlève rien à la colère qui s’exprime et aux attentes dirigées au gouvernement » (notamment l’impatience d’annonces et de venues rapides).
« Il est hors de question d’empêcher le salon. Ce n’est pas pour ça qu’il n’y a pas d’actions dans le département » pointe Jérôme Despey, le président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, martelant qu’« il était hors de question de prendre le salon Millésime Bio en otage » comme « le but que nous revendiquons c’est de commercer, de vivre dignement de nos produits, d’avoir une rémunération en rapport avec notre dur labeur. » Revendications partagées par toute l’agriculture, et portées par la filière des vins bio.


Pour la trente-et-unième édition du salon mondial des vins bio, « il me paraît important de rappeler que tous les agriculteurs ont besoin de pouvoir vivre de leur travail en vendant à un prix juste leur production » note Jeanne Fabre, la présidente du salon Millésime Bio, qui voit « dans ces mouvements de protestation actuels une réaction logique face à l’écart croissant entre une exigence de produits de qualité respectueux de cahiers des charges toujours plus contraignants et un prix sans cesse réduit alloué à l’alimentaire par les ménages français. » D’ailleurs, « c’est pour assurer la pérennité de notre filière de vins bio que nous avons créé notre salon il y a maintenant 31 ans » pointe la vigneronne, soulignant que Millésime Bio est la « première place de maché mondiale du vin bio » afin de « créer de nouveaux débouchés dont la filière a besoin » et ce « à un juste prix ».
Car « la forte vague de conversion que nous avons enregistré ces dernières années s’estompe » prévient Nicolas Richarme, le président de l’interprofession SudVinBio, qui organise Millésime Bio et représente 60 000 ha de vignobles bio de la région Occitanie (soit 35 % de la surface viticole bio nationale). D’après les premières données pour 2023, « les nouvelles conversions ont marqué un coup d’arrêt, marquant la fin de ce cycle de progression de la bio, comme nous l’avons à peu près tous les dix ans. Arrive maintenant le temps de la stabilisation et de la gestion des volumes » indique Nicolas Richarme, notant que si « l’offre de vin bio en Occitanie a doublé en cinq ans » et que « cette augmentation de volumes disponibles était souhaitée il y a quelques années pour permettre de répondre à certains marchés jusqu’à présent inaccessibles », il se trouve « malheureusement [que] cette forte augmentation est arrivée en même temps que l’augmentation des coûts de production, des matières premières et de l’inflation qui touche les ménages en France et à l’international. »
Pour répondre à ces défis commerciaux, la filière des vins bio demande des aides à la communication. En l’état, le plan bio annoncé ce vendredi 27 janvier par le premier ministre, Gabriel Attal, est insuffisant estime Jérôme Despey : « nous souhaitons des moyens supplémentaires dans un moment de difficultés où la crise viticole bio n’est pas structurelle, mais liée à la conjoncture que nous vivons (l’inflation) ». En somme, « nous traversons une crise de croissance, il faut faire preuve de résilience pour passer tous ensemble ces moments compliqués » conclut Nicolas Richarme.