’est écrit dessus : le plan d’avenir et la planche de salut de la filière des vins français passent par l’export pour compenser la déconsommation démographico-culturalo-domestique. Mais pas de chance… Ce début 2024 rappelle que le monde reste traversé par des vents aussi violents que contraires : la géopolitique du pire. Au moindre conflit commercial entre la France et des nations étrangères, les vins et spiritueux sont systématiquement visés. Un réflexe pavlovien de prise d’otage qui est particulièrement visible avec l’enquête antidumping ouverte par la Chine sur les eaux-de-vie européennes ce vendredi 5 janvier. Comme l’écrivait Sun Tzu dans son Art de la Guerre : « toute guerre est fondée sur la tromperie ». Les conflits commerciaux ne font pas exception : 97 % des brandies européens expédiés en Chine étant français (Cognac et Armagnac en tête), il s’agit de faire pression sur la France et son soutien à l’enquête européenne antisubventions sur les producteurs chinois de voitures électriques… Soit un prêté pour un rendu, comme l’ont appris à leurs dépens les vins australiens (ciblés par des droits de douanes punitifs en Chine depuis mars 2021, en représailles d’une demande d’enquête sur l’origine du covid en Chine).
Cette stratégie du bras de fer est assumée par l’ancien président Donald Trump, qui brigue un nouveau mandat et se souvient avec nostalgie de sa brutale stratégie de négociation : taper les autres pays au portefeuille des importations américaines en menaçant d’augmentation des taxes douanières. Une méthode qu’il revendique avoir appliqué avec succès sur les vins et champagnes français afin de supprimer une fiscalité accrue des géants du numérique. Des mesures de rétorsion qui ont été mises à exécution d’octobre 2019 à mars 2021 à cause du conflit Airbus/Boeing… Mais qui ne sont qu’en pause, étant suspendues jusqu’en 2026… Face à la brutalité de certains pays, la meilleure réplique serait-elle la surenchère ? Pour Sun-Tzu, il n’y a que des perdants dans l’escalade des conflits : « jamais guerre prolongée ne profita à aucun pays ». Mais des affrontements ponctuels suffisent à épuiser une filière : les aléas géopolitiques se placent au même rang que les catastrophes climatiques. Imprévisibles et dévastatrices.