Nous avons obtenu du ministère de l’Agriculture une dérogation jusqu’à la sortie de toutes les nouvelles autorisations de mise sur le marché (AMM) pour que la limitation à 4 kg/ha ne se calcule qu’en cumulant les produits cupriques ayant déjà la mention Spe1 » rappelle Stéphane Becquet, directeur technique et scientifique des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine, à la fin d’un webinaire revenant sur la forte pression mildiou de 2023.
Alors que certains produits historiques tels que Champflo n’ont pas encore eu de renouvellement d’AMM, Stéphane Becquet regrette que les firmes ne puissent à ce jour pas demander de lissage du fait d’un défaut de transparence de l’Anses concernant les critères d’attribution de la phrase Spe1, alors que les nouvelles spécialités cupriques sont généralement plus performantes. « Je connais des vignerons qui choisissent d’utiliser des produits cupriques dotés de la phrase Spe1 parce qu’ils sont mieux formulés et résistent davantage au lessivage mais la majorité restent sur les produits autorisant le lissage. Nous avons un vrai travail politique à faire pour que cela change » martèle le technicien.
Les premiers contrôles du lissage sur 7 ans instauré en 2018 vont bientôt commencer. Stéphane Becquet sait que de nombreux vignerons dépassent la limite des 4kg/ha/an. « Quelles seront les sanctions ? Pour l’instant la réglementation prévoit un rappel à la loi et la perte d’une partie des aides PAC en conventionnel mais nous attendons des précisions. En bio, l’INAO devrait nous confirmer que le calcul du lissage ne démarre qu’en 2022. Concernant les sanctions, nous sommes pour le moment sur un avertissement de non-conformité et un déclassement des parcelles en cas de récidive. Comme en conventionnel, nous attendons des précisions ».
Stéphane Becquet continue en rappelant que la révision de la réhomologation du cuivre a été repoussée de 2025 à 2027 et en annonçant que la Task Force européenne se dit optimiste sur sa sortie de la liste des produits phytos à substituer car « selon sa forme, la molécule est soit toxique, soit persistante, jamais les deux ».
Alors que la réglementation européenne SUR est en suspens, Stéphane Becquet craint que l’utilisation du cuivre pâtisse de la réglementation SOL, en cours de construction, « car dans la tête de la Commission il ne faut plus rien mettre sur les sols ou pouvoir le sortir. Le dossier s'annonce compliqué ».