On retrouve entre 50 à 500 mg/kg de cuivre dans l’horizon de surface des parcelles du fait de la lixiviation des produits de traitement fongique. A partir de 15 cm de profondeur, on retombe généralement sur des concentrations comprises entre 10 et 30 mg/kg, proches des fonds pédogéochimiques locaux » indique Jean-Yves Cornu, chargé de recherche à l’Inrae Bordeaux Aquitaine, à l’occasion d’une journée technique organisée à l’ISVV ce 25 avril.
Le cuivre présent en surface est-il écotoxique ? Pas aux doses auxquelles on le trouve dans les vignobles. « Même si peu d’investigations sont menées à la parcelle et que les symptômes racinaires sont difficilement repérables (moindre élongation, épaississement, et apparition de nécroses), on est loin des milliers de kg que l’on peut retrouver sur des sites industriels ».
Jean-Yves Cornu rappelle que la toxicité du cuivre ne dépend pas de sa quantité mais de sa disponibilité. « Les organismes vivants ne prélèvent que sa forme ionique libre Cu2+ en solution, très dépendante du pH et de la teneur matière organique du sol ».
Pour ralentir la solubilisation du cuivre, le chercheur préconise aux vignerons de bien chauler pour maintenir le pH de leurs sols entre 6 et 8. « Dans les années 60-70, les pH de certains sols du Médoc étaient très acides (inférieurs à 5), avec de gros problèmes de reprise à la plantation » illustre-il.
Il conseille aussi des apports de compost pour augmenter la teneur des sols en matière organique, favoriser la complexation du cuivre sur les phases solides, et lever la toxicité sur la culture. « Il faut veiller à ce que cette matière organique ne soit pas elle-même chargée en cuivre et qu’elle soit suffisamment humifiée pour ne pas se dégrader trop rapidement » précise-t-il.
Le chercheur conclut sa présentation en évoquant la phytoextraction par des plantes de service semées dans l’inter-rang. « On connait plusieurs plantes hyper accumulatrices de nickel mais nous n’arrivons pour l’heure à extraire que 200 grammes de cuivre/ha/an, alors que l’on en apporte entre 1 et 4 kg par hectare et par an par les traitements ».
Jean-Yves Cornu attend beaucoup du projet Extracuivre porté par le l’interprofession des vins de Bordeaux.