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Pourquoi des vignerons Nantais passent aux vignes larges
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Densité de plantation
Pourquoi des vignerons Nantais passent aux vignes larges

Des vins équivalents, des coûts et des temps de travaux réduits, un meilleur choix de matériel : dans le Pays nantais, les vignerons qui passent aux vignes larges n’y voient que des avantages
Par Patrick Touchais Le 04 décembre 2023
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 Pourquoi des vignerons Nantais passent aux vignes larges
Vincent Lieubeau, vigneron à Château-Thébaud est satisfait de ses vignes larges - crédit photo : Patrick Touchais
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008, année clé. Éric Vincent en sourit encore. Le propriétaire du domaine de la Foliette, à La Haye-Fouassière, militait « depuis très longtemps » pour que s’engage un débat sur la densité de plantation en Muscadet. « Cette année-là, InterLoire a réalisé une étude démontrant qu’on pouvait passer de 6 500 à 5 000 pieds/ha sans perdre en qualité, ni en typicité. Ça nous donnait des arguments », se souvient-il.

Quatre ans plus tard, il plante sa première vigne à 2 m entre les rangs, et non plus à 1,40 m comme il est d’usage. Cette parcelle va servir à l’ODG et à l’IFV pour démontrer à l’Inao que cet élargissement n’a aucun effet négatif sur la qualité des vins. Depuis, Éric Vincent n’a planté que des vignes à 2 m, si bien qu’elles couvrent 15 des 40 ha de son domaine. Et son objectif est clair : « À terme, je vise à convertir tout le domaine. »

L'argument numéro 1 est économique

Pour le vigneron nantais, l’argument numéro un est économique. « En vignes étroites, pour chaque intervention – prétaillage, traitements... –, on passe plus de temps, puisqu’il y a plus de rangs », observe-t-il. Mais c’est surtout le matériel qui a achevé de le convaincre : « Dans les vignes étroites, on travaille avec des enjambeurs. C’est très spécifique et très cher. Il faut environ 140 000 € pour un enjambeur neuf contre 80 000 à 90 000 € pour un tracteur vigneron. Et les outils sont très longs à monter et à démonter alors qu’ils sont faciles à atteler à un tracteur vigneron. »

Alors, pour ne pas perdre de temps, Éric Vincent a cinq enjambeurs, chacun portant un outil : pulvé, rogneuse, travail du sol… Et, en vue de limiter les frais, pour ses vignes larges, il a acheté un tracteur vigneron d’occasion à 10 000 € et du matériel, d’occasion également.

À quelques kilomètres de là, à Château-Thébaud, Vincent Lieubeau approuve. Sur son domaine familial de 65 ha conduit intégralement en bio, 17 ha sont plantés à 5 000 pieds et à 2 m entre les rangs, si bien que cinq enjambeurs, chacun équipé de ses outils, et deux tracteurs vignerons se côtoient. « Il n’y a pas de marché d’occasion pour les enjambeurs. On ne peut acheter que du neuf, l’investissement est donc très lourd, surtout pour des petits domaines », souligne-t-il. Outre les coûts, Vincent Lieubeau pointe du doigt la difficulté de conduite des engins : « Il y a moins de visibilité. C’est plus délicat, plus risqué. On a déjà du mal à recruter des chauffeurs pour les tracteurs interlignes, pour les enjambeurs, c’est encore pire. Ça nécessite une formation plus poussée. »

"Des enjambeurs plus difficiles à conduire"

S’il est satisfait de ses vignes larges, Vincent Lieubeau conserve des vignes étroites. Pour l’instant. « On travaille par îlot et par cépage. Nos IGP, le gros-plant et le muscadet de base sont à 5 000 pieds ; les autres vins à 7 000 pieds. Nous produisons tous nos crus sur des vignes de plus de 50 ans qu’on complante régulièrement. On tient à ces vieilles parcelles. Pour moi, la qualité des vins de terroir tient plus à l’âge des vignes qu’à la densité de plantation. »

À la Chapelle-Basse-Mer, Jean-Baptiste Morille a, lui aussi, entamé la conversion en vignes larges de son domaine de 70 ha sur 10 % de sa surface. Il exploite aussi 20 ha de vergers. Cette double production a été l’un des moteurs de cette évolution. « C’est le même matériel », justifie-t-il.

L'aspect environnemental : un autre argument

S’il confirme les arguments de ses collègues, il leur ajoute l’aspect environnemental : « Je traite mes vignes à 5 000 pieds en deux rangs par passage, avec des panneaux récupérateurs. Pour les enjambeurs, l’offre en panneaux est limitée ; je n’en ai pas trouvé qui me conviennent. Sur un tracteur vigneron, je peux installer trois outils : par exemple, une rogneuse devant, un rouleau derrière et des disques en dessous. Impossible avec un enjambeur ! » Face au réchauffement climatique, la densité a aussi son importance en cas de stress hydrique. Les vignes larges souffrent moins. Et, pendant les périodes de gel, Jean-Baptiste Morille allume des brûlots dans ses parcelles. « Dans les vignes larges, on passe avec un tracteur ou un quad et une remorque pour les recharger. Dans les vignes étroites, c’est à pied. »

Quant à la récolte, Vincent Lieubeau a fait le calcul : 2 heures pour un hectare dans les vignes à 5 000 pieds contre 3 dans celles à 7 000 pieds. De plus, côté maturité, les observations montrent une petite avance pour les vignes larges grâce à leur surface foliaire plus importante. Que demander de plus ?

Bientôt un vignoble à 5 000 pieds

Depuis 2020, les vignes en AOC Muscadet (Muscadet AC) et en Gros-Plant peuvent être plantées à 5 000 pieds/ha et à un écartement jusqu’à 2,20 mètres au maximum. En revanche, le cahier des charges des muscadets dits sous-régionaux (Sèvre & Maine, Coteaux de la Loire et Côtes de Grandlieu et les crus) continue d’afficher une densité à 6 500 pieds minimum et un écartement entre les rangs inférieur ou égal à 1,50 m. La refonte de ces cahiers des charges est en cours, assure la Fédération des vins de Nantes en vue d’abaisser la densité à 5 000 pieds/ha.

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