éfinissant un rapport au monde, les mots ont leur importance. « Pour moi, on n'irrigue pas de la vigne, on compense un stress hydrique pour aider le végétal à fonctionner normalement et à produire des raisins » déclare Bernard Angelras, le président de l'Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), ce 28 novembre lors de la signature de l'accord cadre "2023-2027 : préparer l'avenir de la filière vitivinicole Occitanie" entre l'IFV, la région Occitanie et les deux agences régionales de l'eau (Rhône Méditerranée Corse et Adour-Garonne). Comportant un volet sur la gestion de la ressource en eau, ce plan s'intéresse aussi à ceux n'en ayant pas : « pour les collègues qui n'ont pas d'accès à l'eau, il faut aussi travailler sur stratégies sèches peuvent permettre dans certains cas de passer un cap et de pouvoir avancer. Et ne pas oublier la réutilisation des eaux usées, qui peut amener des solutions dans certains coins » ajoute Bernard Angelras.
Centré sur le soutien de l'innovation variétale, l'accord cadre fait de l'obtention et de la multiplication de porte-greffes et plants de vigne le pivot de « la transition agroécologique dans un contexte de changement climatique » comme le résume un communiqué de presse, listant « trois projets de construction de serre de production de matériel végétal qui bénéficieront de cet accord : une serre à Lisle-sur-Tarn, une dans le Gard et une au Centre national de sélection de la vigne (Grau- du-Roi). Ce dernier, se dotant d'une nouvelle serre semi-fermée de 2 000 m² (après la première serre "insect-proof" de 1 500 m² en 2022). » Sans oublier « la création d'un conservatoire international des variétés ». À terme, « nous voulons que la région Occitanie devienne la région où soit créé le matériel de base pour la viticulture du futur. C'est un beau challenge : nous devons le porter ensemble » annonce Bernard Angelras.


Le vigneron des Costières de Nîmes rappelant qu'au-delà de l'offre, la demande est désormais libérée grâce à l'ouverture du champ possible par l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) pour expérimenter les cépages d'autres régions, mais aussi des hybrides résistants au mildiou et à l'oïdium. « Avec les variétés résistantes on traitera moins, mais on traitera toujours » prévient Bernard Angelras, soulignant que « quand on parle de variétés résistantes on parle de biens collectifs. Si on ne fait pas un minimum de traitements on sait que l'on va avoir du contournement et qu'à terme nous n'aurons plus de résistances ». Plus globalement, avec ce cadre « nous avons une ambition sur la transition écologique. Sujet au combien important sur le plan sociétal : sans transition écologique, il n'y aura plus d'agriculture. Il ne faut pas qu'elle soit trop coûteuse. Il faut qu'elle soit intégrée. »
Même objectif pour la recherche et l'innovation : le président de l'IFV martelant avoir « une obligation de résultat, avec un objectif non pas utopique, mais de résultats économiques : par rapport à tous les efforts faits par les vignerons, il faut retirer un revenu décent tout en étant capable d'affronter l'avenir et de respecter l'environnement. » Les mots ont leur importance.