e dossier brûlant du renouvellement du glyphosate à peine refermé esquivé, arrive à Bruxelles un autre sujet on ne peut plus structurant pour l’avenir du vignoble : le vote ce mercredi 22 novembre par le Parlement Européen du règlement sur l'usage durable des pesticides (règlement SUR visant -50 % de phytos d’ici 2030). Devant créer de plus ou moins larges zones d’interdiction de traitement, ce projet réglementaire pourrait sceller la fin d’exploitation de quantité de parcelles se trouvant à proximité de nombreuses zones sensibles (chemins, écoles, hôpitaux, parcs, sentiers, zones Natura 2000…). Et ce même si la culture des parcelles est bio. Le cuivre étant une matière active candidate à la substitution, son usage pourrait être aussi interdit que celui des phytos chimiques sur ces zones passant exclusivement sous biocontrôle. On pourrait parler de règlement SUR des rails renversant tout sur son passage...
Alors que de nombreux vignerons ne se remettent toujours pas de l’éprouvante pression mildiou du millésime 2023, la perspective d’impasses généralisées ne peut qu’affoler… Et interroger : la balance des eurodéputés penchera-t-elle pour la proposition originelle de la Commission Européenne (une zone tampon de 3 mètres) ou la vision plus défensive de la Commission pour l’Agriculture du parlement (la Comagri, souhaitant que les zones sensibles soient définies par chaque État membre) ou l’ambition plus marquée de la Commission pour l’Environnement (la Comenvi, portant la zone de non-traitement à 5 mètres, mais proposant des dérogations nationales) ? Pour l'instant, rien n'est SUR... Sauf le fait que les impacts seront majeurs, aucune proposition sur la table ne rassurant totalement la filière vin, bien peu vocale sur un sujet aussi risqué. Et sensible politiquement, ce vote demandant une prise de responsabilité sur l'avenir de la viticulture : un discours pouvant être difficile à assumer, comme le montre la non-position française sur le glyphosate. Gouverner, est-ce ne pas choisir ?
Quel que soit le vote du Parlement, l’avenir de ce règlement restera en suspens. Le Conseil des ministres européens ne semblant pas enclin à s’emparer rapidement du sujet, une contre-proposition circulant même (avec des zones tampons distinguant zones sensibles de nature agricole et ouvertes au public). La critique principale de ce projet de règlement reste le manque d’étude d’impact : et le chiffre de -28 % de rendements viticoles en France avancé par la Commission Européenne ne rassure pas). Et l’approche des prochaines élections européennes (le 9 juin 2024) tend à laisser pourrir mûrir le sujet. En attendant… Si ce règlement porte mal son nom, il y a bien une certitude : « personne ne traite ni ne pollue avec plaisir dans la viticulture », comme le confiait récemment un vigneron bourguignon, espérant que le bon sens paysan infuse les politiques européennes pour permettre le maintien d’une activité viticole durable. Pour l'avenir du vignoble, espérons que les débats soient rendement menés : au-delà des procès en immobilisme ou irréalisme, une voie du pragmatisme peut émerger si elle équilibre l'impératif technique et l'aspiration écologique. Il n'y a plus qu'à...