Devenir B Corp, ce n’est pas seulement obtenir un label : c’est s’engager sur un chemin de transformation, exigeant et passionnant, et plus que jamais indispensable pour relever les défis de notre temps ! », voici ce que promet B Corp sur son site internet français. Nombreux sont les candidats à répondre à l’appel.
En Champagne, le groupe EPI représentant les marques Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck et Rare Champagne a été le premier à obtenir cette certification en 2022. En octobre dernier, cette primauté a été rompue par Bollinger qui a annoncé avoir obtenu le précieux sésame.
À l’image des bons points que l’on attribue aux élèves assidus, la certification « B Corp » répond à un process exigeant. D’abord grâce à un questionnaire de mesure d’impact gratuit, disponible sous forme de questionnaire en ligne organisé en 5 thématiques : gouvernance, collaborateurs, collectivité, environnement et clients suite auquel est attribué un score qui doit être a minima de 80 points, faute de quoi il n’est pas possible de déposer son dossier. S’ouvre ensuite une phase d’audit qui analyse scrupuleusement les réponses aux questions (il y en a plus de 200) auxquelles il faudra y ajouter des justificatifs, puis une phase opérationnelle qui comprend des visites « surprise » et un entretien qui conclut l’audit. Quand à la re-certification elle a lieu tous les 3 ans. On comprend alors pourquoi ce label vaut de l’or pour celles et ceux qui en font la demande.
Davantage réservée aux moyennes et grandes entreprises, ou à défaut d’objectifs sérieux et d’avance de trésorerie (il faut débourser 250 euros pour déposer son dossier puis environ 1000 euros de frais annuels « d’adhésion au mouvement » pour les entreprises avec un chiffre d’affaires inférieur à 150 000 euros), la certification « B Corp » reste l’apanage de celles et ceux qui peuvent faire valoir un bilan carbone « presque parfait » et une politique RSE aboutie.
Chez Bollinger, elle représente « un cadre d’amélioration continue », « une reconnaissance de l’excellence des actions menées ».


Une introspection qui intéresse aussi les instances champenoises, restant toutefois mesurées quant à la promotion de labels indépendants. « La Champagne est engagée dans une démarche de progrès continu en vertu du principe selon lequel les progrès de tous valent mieux que les exploits de certains. Bien entendu, cela n’exclut pas, comme c’est le cas depuis trois cents ans, que certaines Maisons s’engagent individuellement dans d’autres certifications et continuent ainsi de jouer leur rôle de locomotives de l’appellation », affirme David Chatillon, directeur de l’Union des Maisons de Champagne.
Depuis son arrivée dans l’hexagone en 2014, « B Corp » a séduit plus de 350 entreprises en France. En Champagne, si le mouvement n’en n’est qu’à ses prémices, le label est vu comme une reconnaissance des efforts fournis par les maisons. Pour Charles-Armand de Belenet, directeur général de la maison Bollinger, c’est aussi un moyen de bousculer le modèle champenois : « Nous devons continuer de nous remettre en question » affirme-t-il.