n pleine crise économique des côtes-du-Rhône, la chambre d’agriculture de Vaucluse a choisi de dresser le bilan des actions engagées pour préparer la viticulture départementale aux enjeux de demain lors d’une conférence de presse à Avignon, le 26 octobre dernier. « Le secteur est aujourd’hui en crise, a reconnu Georgia Lambertin, présidente de la chambre. Mais, nous avons volontairement décidé de ne pas aborder ce sujet. Il y a des discussions au sein de la filière et nous devons parler d’une seule et même voie. » L’agricultrice a toutefois indiqué avoir abordé les difficultés que traverse le vignoble dans une note remise au conseiller de l’agriculture du président de la République lors d’une rencontre cet automne. La viticulture pèse lourd en Vaucluse : 50 % des agriculteurs du département et 50 % de son business. « La préfète de Vaucluse prévoit en outre une réunion de l’ensemble des professionnels d’ici la fin », a-t-elle ajouté.
En attendant, cap sur le futur. La tête de pont de cette recherche se trouve à Piolenc où la chambre de Vaucluse possède un domaine expérimental de 7,5 ha. « Nous y implantons notamment du matériel végétal capable de s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique, expose François Bérud, chef du service vigne et vin. Cette année, nous avons ainsi introduit une vingtaine de variétés françaises et étrangères, grecques, italiennes, portugaises, résistantes aux fortes chaleurs. » D’autres variétés sont en cours de test en partenariat avec le syndicat des vignerons du Luberon. « Notre choix s’est porté sur des cépages méditerranéens plutôt tardifs et avec de l’acidité, explique Joël Bouscarle, président du syndicat. Nous expérimentons des cépages corses, nielluccio, sciaccarello, grecs, assyrtiko, parellada ainsi que du carigan blanc et du grencahe gris. Un projet d’échanges sur les bonnes pratiques, intitulé Green Vinum, est en cours avec les vignerons grecs des régions de Thessalonique et du Mont Olympe. »
Les autres chantiers portent sur l’accession à l’eau via la modernisation des réseaux d’irrigation ainsi que sur la qualité des sols. « Nous travaillons sur la thématique des couverts végétaux depuis plusieurs années, souligne Emmanuelle Filleron, responsable équipe climat et environnement. Plusieurs GIEE de viticulteurs testent des modalités différentes sur leurs parcelles. » Le syndicat de l’appellation Ventoux en a fait un axe central de son plan stratégique 2030. « Nous avons mis en place un réseau de parcelles tests avec différents types de couverts sur notre territoire, indique Frédéric Chaudière, président de l’AOC. Nous étudions la possibilité d’en réaliser une cartographie. » Les vignerons de ce secteur planchent en outre sur un projet de méthanisation de ces couverts avec GRDF et l’IFV. « Les espèces semées dans l’inter-rang pourraient constituer 60 à 70 % de la ressource du méthaniseur après broyage, expose Frédéric Chaudière. Le digestat obtenu pourrait ensuite être restitué à la vigne. » Ce nouveau dossier vient d’être lancé pour une durée de trois ans. Le futur se prépare dès à présent.