On sort cabossés des cinq dernières années », démarre Joël Boueilh avant de présenter les résultats du premier observatoire économique et financier des coops viticoles, le 16 octobre au siège de La coopération agricole à Paris. Et d’énumérer les aléas climatiques et économiques qui ont plombé leurs récoltes et recettes.
Puis le président des Vignerons coopérateurs est entré dans le détail des chiffres. L’observatoire qui porte sur toutes les coops sauf les champenoises confirme qu’elles « regroupent les petits viticulteurs », a-t-il souligné. Les coopérateurs cultivent en moyenne 7,5 ha de vigne contre 13,5 ha pour l’ensemble des viticulteurs français.
Fait plus étonnant, après avoir longtemps décliné, la surface exploitée par les caves coopératives est remontée à 275 000 ha durant la campagne 2020/2021, la dernière étudiée. Le résultat des difficultés économiques qui poussent des vignerons indépendants à rejoindre les coops. N’empêche, les coopératives ont perdu 34 000 hectares entre 2010/2011 et 2020/2021.
De plus, leur nombre ne cesse de reculer, de près de 2 % par an, passant de 504 à 415 durant la même période, « du fait des rapprochements », explique Joël Boueilh.
En moyenne, les quelque quatre cents coopératives hors Champagne cultivent 662 ha chacune. Selon ce critère, les Bordelaises arrivent en tête devant celles du Languedoc-Roussillon avec 815 ha de moyenne par coopérative contre 741. Celles du Val de Loire terminent dernière avec 349 ha.
Autre chiffre : les coops produisent entre 35 et 40 % de la récolte française, selon les années. Les IGP sont leur point fort. Elles en récoltent 63 à 68 % de la production française, selon les années, contre 35 % des AOC et, surprise, seulement 25 à 30 % des vins sans IG. Les coops sont également très axées sur la production de rosé avec 58 % de la récolte nationale, en moyenne durant la période étudiée, contre 40 % des rouges et 41 % des blancs.
Ce nouvel observatoire apporte également un éclairage inédit sur les résultats économiques et financiers des coops entre 2018 et 2021. C’est François Macé, président de la section économique et financière du Haut conseil à la coopération agricole, qui a présenté ces résultats. Ce dernier a insisté sur un critère, rarement évoqué au sein de la coopération : le ROCE qui correspond à la rentabilité des capitaux employés.
« Globalement, l’exercice 2021 (le dernier étudié) montre une nette amélioration du ROCE après deux années de baisse », a-t-il relevé. Autre signe de redressement cette année-là : le levier financier (durée théorique de remboursement de la dette) a baissé signe que l’endettement des coopératives a reculé.
A la question posée de savoir si ce mouvement s’est poursuivi l’an dernier, François Macé a répondu que tous les bilans n’avaient pas encore pu être exploités. La question est donc restée sans réponse.
Mais ces résultats restent fragiles et surtout inférieurs au secteur privé -au négoce- de même taille. En effet quand la rentabilité des capitaux investis dans les coops est de 2,15 % en moyenne en 2021, elle est de 5,5 % chez les privés selon les chiffres du Crédit Agricole. De même, quand il faut 5,7 années pour rembourser les dettes dans les coops, il suffit de 3,7 ans dans le négoce.
Pourquoi de tels écarts ? François Macé a donné quelques éléments de réponse. « Les caves coopératives collectent la récolte de tout le monde alors que le négoce choisit ses apporteurs, a-t-il indiqué. Les négociants peuvent aussi investir dans plusieurs terroirs contrairement aux coopératives qui sont attachées à un secteur. Leur coût de mise en bouteille est moins élevé. »
Pour Joël Boueilh une seule solution : adapter les outils de production et les vins aux attentes des consommateurs.