e dirige-t-on vers une convergence des luttes vigneronnes ? Vers une déclinaison de l’Internationale en Vinternationale ? "Debout les damnés du terroir,
Debout les forçats du vin,
Le raisin tonne en son pressoir
C'est l'éruption du vin" ?
Bouillonnants, les vignobles de l’Aude et de Bordeaux vont ouvrir le couvercle de leurs colères et revendications ce mardi 17 octobre en tenant des meetings synchrones. D’une part se tiendra la « réunion d’information sur la situation » du Syndicat des Vignerons de l’Aude à 18 heures à l’espace culturel des Corbières de Ferrals-des-Corbières et d’autre part aura lieu la réunion « notre avenir est entre nos mains » du collectif des viticulteurs de Gironde à 18 h à la salle des fêtes du Pian-sur-Garonne. Partageant les mêmes raisons de la colère, les bases vigneronnes bordelaises et languedociennes interpellent leurs institutions et les pouvoirs publics pour ne plus être dans la simple réaction aux difficultés, mais dans l’anticipation des impasses économiques qui s’annoncent faute de commercialisation et de valorisation.
Partagée ailleurs qu’à Bordeaux et Narbonne, la demande de mutualisation des risques et profits entre le vignoble et le négoce rappelle que ce dernier peut suspendre ses achats, quand le premier ne peut arrêter de produire qu’avec une stratégie coordonnée et une vision collective. Une demande de planification qui tombe alors qu’une stratégie nationale de filière est en réflexion au sein du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Ne devant pas caler une armoire, ce plan doit permettre de sauver les meubles : avec une sortie digne des opérateurs à bout de souffle et une relance de l’attractivité du vignoble subsistant par le dynamisme commercial et la résilience climatique. Le défi étant d’apporter des réponses rapidement applicables, ce qui n’est pas gagné, mais aura l’avantage de les rendre moins coûteuses qu’en attendant que la situation se soit dégradée au-delà du point de non-retour. Ces problèmes ne sont pas seulement ceux de l’Aude ou de la Gironde, ils ne doivent pas être regardés de haut ou minorés comme étant d’arrière-garde par les entreprises et bassins viticoles s’en sortant bien et ne voyant pas l’intérêt d’investir dans une nouvelle sortie de crise. Comme l’écrivait Jean de la Fontaine dans la fable posthume du renard et de l'écureuil : "Il ne se faut jamais moquer des misérables,
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?"
Sinon, le vignoble ne pourra plus que rompre avec le négoce et entonner l’Internationale : « Il n’est pas de sauveurs suprêmes […]
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes. »