uand il a dévoilé son « Plan eau » en mars, le président de la République n’a pas précisé qui allait financer les 500 millions d’euros de budget supplémentaire alloués chaque année aux agences de l’eau. « Nous avons découvert dans le PLF 2024 qu’Emmanuel Macron pensait aux agriculteurs » s’insurge Eric Frétillère, conseiller départemental et président des irrigants de France.
En effet, le projet de loi prévoit que les cinq agences de l'eau (qui fixent chacune sur leur bassin le montant de la redevance pour prélèvement d’eau pour irrigation) ne puissent désormais plus descendre au-dessous du seuil de 1,41 ct €/m3 en catégorie 1 (hors des zones de répartition des eaux) et de 2,82 ct €/m3 en catégorie 2. En parallèle, le gouvernement ambitionne de rehausser le plafond de la redevance de 3,6 à 5,04 ct €/m3 en catégorie 1 et de 7,2 à 10,08 ct €/m3 en catégorie 2.
D'après Eric Frétillère, « ces mesures pourraient engendrer une multiplication par 12,5 du coût de la redevance irrigation perçue par les agences Rhône Méditerranée Corse et Adour Garonne. C’est absolument colossal ». Ces hausses s’ajoutent à l’augmentation de 20% du montant de la redevance pour pollution diffuse (RPD) figurant sur les factures de produits phytos et à l’augmentation du coût de l’eau potable.
« Compte tenu du contexte de l’année, c’est très mal venu pour les agriculteurs et les viticulteurs, d’autant que l’augmentation du coût de l’énergie a déjà fait exploser les charges des exploitations, et qu’au final, il est peu probable que la rallonge budgétaire accordée aux agences de l’eau bénéficie à l’agriculture » regrette Eric Frétillère, expliquant que les contraintes administratives sont tellement importantes que les projets de stockage ou de réutilisation de l’eau ne peuvent aboutir.
Les irrigants de France et la FNSEA sont actuellement en pleines négociations avec le gouvernement.