n insecte polyphage émergent, l’aleurode épineux, qui pourrait être nuisible pour la vigne, a été détecté pour la première fois en juin 2023 dans dix communes du Gard et de l’Hérault. En septembre, à la suite de nouvelles prospections menées par la Draaf-Sral et la Fredon d’Occitanie, il a été identifié avec certitude dans vingt communes de ces deux départements et serait peut-être présent dans quatre de plus. Les confirmations sont en cours.
Originaire d’Asie du Sud-Est, cet insecte piqueur et suceur de sève, s’attaque en priorité aux agrumes, mais la vigne fait partie de ses plantes hôtes. À ce jour, il n’a été observé dans la vigne que dans deux communes. Les trois parcelles infestées, deux en conventionnel et une en bio, sont bordées de végétaux eux-mêmes fortement infestés. Elles portent trois cépages : chardonnay, cinsault et marselan, ce dernier étant le plus touché.
« L’aleurode épineux s’alimente sur les feuilles des végétaux et affaiblit la plante. De plus, il sécrète un miellat abondant et collant qui conduit au développement d’une couche noirâtre de fumagine, empêchant la photosynthèse et la respiration de la plante. De fortes infestations peuvent entraîner la chute des feuilles et même conduire à la mort de jeunes arbres ou plantes trop affaiblies », indique la Draaf d’Occitanie sur son site. La Draaf précise que « la nuisibilité de cet insecte n’est pas établie à ce jour sur la vigne. Les données issues des autres territoires touchés en Europe et dans le monde ne font pas état de dégâts sur la vigne ».
Néanmoins, cet aleurode reste une menace potentielle pour le vignoble, d'autant qu'il a un fort potentiel de reproduction, avec jusqu’à six générations par an. La femelle pond entre 35 et 100 œufs au cours de sa vie. Les larves sont regroupées en colonies immobiles sur la face inférieure des feuilles : de petite taille (entre 0,3 et 0,8 mm), noires avec une marge blanche constituée de courts filaments de cire. Les adultes possèdent des ailes gris-bleu avec des points blancs et ne mesurent pas plus de 1,7 mm. « Même si la vigne n’est pas sa plante de prédilection, il faut surveiller de près ce ravageur qui pourrait s’attaquer au vignoble dans le contexte du changement climatique », souligne Jérôme Jullien, expert référent national en surveillance biologique du territoire à la DGAL.
Compte tenu de la présence probablement ancienne (au moins antérieure à 2020) et déjà très étendue de cet insecte dans la région, la Draaf-Sral d’Occitanie a opté pour une stratégie d’enrayement, et non d’éradication, dans les communes infestées. À ce jour, aucune mesure individuelle de lutte obligatoire n’a été notifiée aux vignerons touchés. Mais, à cause de sa dangerosité pour la production d’agrumes, cet aleurode est considéré comme organisme de quarantaine dans l’Union européenne. À ce titre, toute observation suspecte doit être signalée sans délai à la Draaf-Sral d’Occitanie. « La détection doit être la plus précoce possible pour que la stratégie d’enrayement fonctionne au mieux », insiste Jérôme Jullien.
En cas de détection, il faut détruire au plus vite les parties des végétaux infestées, voire les végétaux entiers en cas de forte infestation, soit par incinération, soit en les enfermant dans des sacs hermétiques pendant au moins deux semaines.
« Des traitements insecticides de biocontrôle et utilisables en bio à base de maltodextrine peuvent être conseillés. Les larves se cachant sous les feuilles et sur les fruits, il faudra être particulièrement vigilant à la qualité de la pulvérisation en visant bien le revers des feuilles », recommande Jérôme Jullien.