epuis ce 31 juillet, les vignerons bio souhaitant planter une parcelle en 2024 doivent justifier qu’ils n’ont pas trouvé le couple porte-greffe/greffon désiré en bio sur la plateforme dédiée Semences Biologiques pour pouvoir obtenir une dérogation permettant l’achat de plants conventionnels. Une dérogation qui devrait être automatique, la filière de production de plants de vignes bio n’existant pas, malgré des moyens conséquents pour la faire émerger. Devant précéder la commande de plants, et donc la plantation, cette demande purement administrative de dérogation découle du règlement européen sur la bio de 2018, souhaitant développer les pépinières bio imposant à partir de 2035 des plants bio pour les cultures végétales bio (viticulture et arboriculture* sont concernés). En passant d’un statut d’« autorisation générale » à celui de « dérogation possible » pour favoriser l’émergence de plants bio, la plantation de vignes conventionnelles pour une exploitation bio impose ce système de contrôle plus théorique que pratique.
Cette démarche administrative supplémentaire n’implique pas l’obligation de planter avec plants Bio vu leur indisponibilité sur le marché, mais aboutit donc à « une déclaration de plus, des fois que l’on en manque » résume Olivier Nasles, le président du Comité national de l'Agriculture Biologique de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Tenu à un devoir de réserve, le vigneron des Bouches-du-Rhône a cependant du mal à cacher son exaspération : « on est très doué pour se créer de nouvelles obligations… » L’INAO indique avoir tenté de simplifier au maximum l’obligation purement administrative, qui rentre dans le contrôle annuel des vignobles bio par les organismes certificateurs. « Un intérêt sera d’avoir une base de données sur les besoins et plantations en plants bio » nuance Olivier Nasles.
Actuellement peu ergonomique, le site semences-biologiques.org ne satisfait pas la Fédération Française de la Pépinière Viticole (FFPV), qui compte évoquer le sujet lors de son prochain congrès, mi-octobre en Champagne.
* : De l’abricotier au tangelo, en passant par le cerisier, le pistachier, le pommier, le poirier…