Anne-Sophie Spilmont : Non. À ma connaissance, il n’y a pas de données objectives qui permettent d’affirmer cela. Les données qui semblaient montrer qu’il y avait plus de maladies du bois avec la greffe en oméga étaient issues de comparaisons entre des parcelles différentes, les unes greffées en oméga, les autres en fente et dont l’environnement pouvait à lui seul biaiser l’interprétation des résultats. C’est la raison pour laquelle dans le cadre du programme Origine, nous avons mis en place des essais où nous avons implanté des plants greffés en oméga, en fente et à l’anglaise dans les mêmes parcelles pour les comparer dans les mêmes conditions. Mais ces parcelles installées en 2018 et 2019 sont encore trop jeunes pour en tirer des conclusions.
A-S. S. : En effet. D’autres essais sur du sauvignon blanc planté en 2013 ont montré un taux d’expression similaire des symptômes foliaires de maladies du bois entre la greffe en oméga et la greffe bouture herbacée, qui est une sorte de greffe en fente mais sur des pousses non lignifiées, une fois les plants installés au vignoble. Il n’y a pas de champignons des maladies du bois dans les plants issus de greffe bouture herbacée en sortie de pépinière alors qu’il y en a dans les plants issus de greffe en oméga. Mais trois ans après la plantation au vignoble, on trouve ces champignons à des taux similaires dans les deux types de greffes. Et jusqu’à maintenant, neuf ans après la plantation, nous n’avons pas vu de différence dans l’expression des symptômes.
A-S. S. : Oui. Toujours dans le cadre d’Origine, nous avons comparé le taux de réussite entre les greffes en oméga, à l’anglaise, en fente et VCR, sur un assemblage facile – merlot sur SO4 – et sur un assemblage difficile – ugni blanc sur RSB1. Dans les deux cas, nous avons obtenu une meilleure réussite avec la greffe en oméga avec au moins 15 points d’écart. Ces tests ont été menés à l’IFV du Grau-du-Roi, en 2018 et en 2019, et il faut préciser que les équipes de l’IFV pratiquent régulièrement cette greffe alors qu’elles ont moins d’expérience dans les autres types de greffes.
A-S. S. : Non. En sortie de pépinière, une fois éliminés les plants non commercialisables selon les critères réglementaires, nous n’avons pas constaté de différence notable entre les types de greffes sur le diamètre du porte-greffe, le diamètre du greffon, le nombre de racines, la grosseur des racines et la longueur des rameaux aoûtés.
A-S. S. : Là, oui. Toujours dans les conditions décrites plus haut, en sortie de pépinière, il y a plus de bois néoformé dans la zone de jonction entre le porte-greffe et le greffon avec la greffe en oméga. En revanche, il n’y a pas de différence s’agissant du volume du vide ou de l’organisation de la zone de jonction.
A-S. S. : Nous n’avons pas les moyens de l’affirmer pour l’instant. Notre prochain projet Qualigreffes devrait répondre à cette question. L’an prochain, nous allons faire des classes de plants, selon des critères de qualités externes et internes, et les mettre au vignoble pour voir s’il y a des différences de productivité et de longévité selon les types de greffes.