iticulteur bio à Servian (Hérault), Henri Cabanel est un sénateur qui connait de près les difficultés climatiques et économiques de ce millésime 2023 pour le vignoble languedocien. « J’ai peur que beaucoup arrêtent l’aventure » résume-t-il. Un message déjà transmis aux pouvoirs publics lors de la venue fin août du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, où s’affichait « la volonté partagée par la profession et l’exécutif de déployer des réserves d’eau de substitution et des variétés résistantes. C’est très insuffisant, il faut aller plus loin » plaide le sénateur languedocien, qui a présenté ce mardi 19 septembre à Paris au ministre ses propositions pour construire « une viticulture résiliente, durable et qui dure ».
Alors que la distillation de crise se poursuit dans le Midi, Henri Cabanel regrette qu’en même temps des plantations de vigne soient subventionnées sans veiller à leur adaptation au changement climatique ou aux futurs marchés. « Sur toutes les aides nationales, il faut arrêter de donner 1 euro sans compensation » résume le sénateur, qui souhaite des critères de développement durable (comme une formation à l’irrigation pour toute subvention au raccordement, ou la reconstitution des sols viticoles, ou la plantation de haies et d’arbres…) et d’adaptation au changement climatique (par exemple en bannissant certains porte greffes).


« Il faut avoir le courage de conditionner toutes les aides » résume Henri Cabanel, qui vise aussi la stratégie commerciale de la filière vin : « même si cela peut paraître utopique, il faut aller chercher les marchés à l’export sous la bannière France. Quand on a la chance d’aller sur des salons internationaux, on voit de grands stands pour l’Italie, l’Espagne… Alors que pour la France, on a des régions disséminées : Alsace, Bordeaux, Languedoc… Il faut que l’exécutif ait la volonté de mettre tout le monde sous la bannière France. Il faut conditionner les aides export à la volonté d’union. »
Une vision qui demande une condition : « il faut le courage de pouvoir convaincre toutes les parties présentes d’avoir un regard de moyen et long terme » estime Henri Cabanel, qui reconnaît que « cela demande du courage : l’agriculture c’est le temps long, la politique c’est souvent du temps court. Il faut changer de paradigme. » Un changement qu’il appelle aussi de ses vœux pour les représentants syndicaux et politiques. Élu en 2020, le sénateur languedocien n’est pas concerné par les élections sénatoriales de cet automne. Mais il a déjà décidé de ne pas se représenter en 2026, au terme de son deuxième mandat. « Je considère que dans les milieux politiques et professionnels, si on veut proposer une vision prospective, il ne faut pas s’installer dans les mandats. Personne n’est irremplaçable. Ça aiderait politique et professionnel de ne pas cumuler un poste pendant des décennies : c’est un frein » conclut-il.