lus on descend vers le Sud cette année et plus les dégâts causés par le changement climatique pèsent sur le potentiel de production. Globalement, les prévisions de l'Observatoire de l'Assoenologi, de l'Ismea et de l'Unione Italiana Vini (UIV), présentées cette semaine au ministère de l’Agriculture, font état d’une récolte italienne légèrement inférieure à 44 millions d’hectolitres, soit une baisse de 12 % par rapport aux 50 millions d'hectolitres de l'année dernière. Si ces prévisions se confirment, il s’agirait de la plus faible récolte depuis six ans, « caractérisée une fois de plus par les effets désormais chroniques du changement climatique qui, avec ses schémas météorologiques incertains et souvent extrêmes (+70% de jours de pluie par rapport aux huit premiers mois de l'année dernière), ont entraîné des différences quantitatives significatives sur l'ensemble de l'Italie », notent les représentants professionnels.
Cette année, le vignoble italien est divisé en deux : le Nord a bien résisté et confirme les niveaux de l'année dernière (+0,8%), tandis que le Centre, le Sud et les îles ont subi des baisses d'environ 20% et 30% respectivement. C’est le mildiou qui explique des pertes importantes, estimées à -25% dans les Pouilles, -30% en Sicile et -40% dans les Abruzzes. Le rapport de l'Observatoire, réalisé avec le suivi du Ministère de l'Agriculture et des Régions, pointe également des difficultés supplémentaires rencontrées par les producteurs biologiques. Au mildiou s’ajoutent d'autres maladies comme l'oïdium et la flavescence dorée, ainsi que la grêle et d'autres phénomènes météorologiques défavorables.
S’exprimant lors de la présentation à Rome, le président d'Assoenologi, Riccardo Cotarella a affirmé qu’il s’agit d’une vendange très complexe où « les connaissances techniques et scientifiques doivent être mises à profit pour atténuer les dommages causés par un climat de plus en plus fou ». Si la perte de production est toujours très pénalisante au niveau individuel, la baisse des volumes n’est pas une mauvaise nouvelle globalement. « Nous ne pouvons plus nous permettre de produire 50 millions d'hectolitres comme lors des derniers millésimes, et ce n'est pas une maladie fongique qui va rééquilibrer une situation qui a conduit à des stocks records ces dernières années », a martelé le président de l'Unione italiana vini, Lamberto Frescobaldi. Et ce dernier d’appeler de ses vœux des avancées concrètes permettant la modernisation du vignoble italien « qui est en moyenne vieux, difficile à mécaniser et coûteux à gérer ». Réduction des rendements des vins génériques, refonte du système des AOP et des IGP, y compris la gestion du marché, et subordination des nouvelles plantations aux performances des appellations, sont autant de mécanismes jugés nécessaires « pour faire face à la fois à la situation cyclique des marchés et aux changements structurels de la demande et des habitudes de consommation ».


Enfin, le commissaire extraordinaire de l'Ismea, Livio Proietti, a abondé dans son sens, estimant que « La contraction de la production cette année ne devrait pas être un élément de préoccupation, étant donné le niveau élevé des stocks, qui ont dépassé 49 millions d'hectolitres, chiffre le plus élevé des six dernières années. Le problème n'est pas tant la perte du leadership de l'Italie en termes de volumes produits, mais plutôt le ralentissement de la demande intérieure et étrangère, qui pèse sur les cours, en particulier pour les vins de table et les IGT. Nous devons nous efforcer à réduire l'écart de valeur qui nous sépare de la France et à renforcer le positionnement concurrentiel des vins de qualité, en veillant à ce que même les vins ordinaires soient de plus en plus caractérisés par rapport à leurs concurrents ».