Allan Sichel : Nous n’avons aucune information sur le programme actuellement. J’espère bien que l’on aura l’occasion de le rencontrer.
Si vous rencontrez le roi Charles III, savez-vous déjà ce que vous lui direz ?
Nous connaissons son attachement à l’environnement et à la défense de la biodiversité. L’un des messages sur lesquels je souhaiterais insister, même s’il doit être au courant comme il aime Bordeaux et ses vins, ce sont tous les efforts fait par Bordeaux pour aller vers une culture plus vertueuse. Avec la préservation de la biodiversité, la réduction des intrants, l’économie d’énergie et de consommation d’eau… Nous cherchons les solutions pour faire face au changement climatique en faisant attention aux ressources.
Des projets sont prometteurs, comme les panneaux photovoltaïques placés au-dessus des vignobles. Autant on ne peut sacrifier des terres agricoles pour du photovoltaïque, autant ces projets sont vertueux : les panneaux étant d’abord au service de la vigne grâce à des algorithmes, permettant de protéger la vigne selon la météo, et ensuite il y a une production d’électricité. Cela montre que la filière est tournée vers l’avenir, même si cela est difficile actuellement.
Nous n’en sommes pas encore à la concrétisation. L’idée d’expéditions depuis le port de Bordeaux permettrait de réduire le bilan carbone et le temps de navigation. Cela permet aussi de rependre en main la logistique. Pour Bordeaux, il y a un intérêt à passer d’une vente au départ chai pour un incoterm plus favorable. Il y a des réticences de grosses structures ayant des services logistiques. Ça va être difficile de changer des habitudes. L’idée est de développer de petits porte-containers pour approvisionner directement des ports d’Europe du Nord, de la Méditerranée et d’Afrique du Nord. On continue à travailler dessus, mais il n’y aura pas de suite d’expéditions de vin du port de Bordeaux vers Londres.
Historiques, les liens entre le Royaume-Uni et les vins de Bordeaux sont multiples. Les qualifierez-vous d’originels, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine à Henri II ayant scellé le développement de son commerce ?
Très certainement. C’est un élément fondateur dans l’internationalisation de la consommation des vins de Bordeaux, qui a donné accès au marché anglais de manière pérenne, solide et profonde depuis le XIIème siècle. Les liens entre Bordeaux et l’Angleterre reposent aussi sur les vendeurs anglais qui restent aujourd’hui très puissants pour l’export. Les acheteurs anglais ont aussi reconnu les terroirs bordelais, d’abord en identifiant Haut-Bion puis d’autres crus. Le commerce bordelais a profité de ces développements.
Depuis le Brexit, la situation a-t-elle évolué ?
Le commerce est fluide. Expédier une palette en Angleterre demande plus d’implication. Et cela cause une concentration du nombre d’opérateurs investissant dans les systèmes pour exporter.
Se couplant avec l’inflation, les dernières hausses de taxes vont-elles peser sur la consommation de vin ?
Pour le moment, le marché reste dynamique. Il est certain qu’avec l’inflation et le coût de l’énergie la consommation de vin peut pâtir, n’étant pas un bien de première nécessité. Encore que… On me dit souvent en Angleterre que c’est lorsque tout va mal que les Anglais s’enferment chez eux et ont besoin de vin. Tout n’est pas perdu…
Le roi sera en visite en pleine coupe du monde de rugby. Qui soutenez-vous, les Bleus ou le XV de la rose ?
Je suis pour la France. Qui aurait de bonnes chances de gagner contre l’équipe anglaise actuelle. Quand je suis en Angleterre, je suis considéré comme Français. Surtout quand il y a un match entre les deux nations.