a loi NOTRe a pu servir de bonne excuse aux départements pour se détourner de l’agriculture. « Ce n’est pas du tout la volonté de l’Hérault, tranche Yvon Pellet depuis la cave de l’Ormarine, à Pinet, ce 23 août. Nous sommes aux côtés des viticulteurs quand ils sont touchés par le gel, la grêle ou la sécheresse. Nous sommes aussi là pour les encourager à combattre les ravageurs avec des armes biologiques » liste le vice-président délégué à l’économie agricole et à l’aménagement rural.
Le département a décidé de financer pendant 3 ans 80% du coût de l’achat de trichogrammes par 36 viticulteurs. « La technique est expérimentée sur 140 hectares, chez des adhérents des caves de l’Ormarine, Sérignan, et des vignerons du pays d’Ensérune à Maraussan, et dans deux vignobles particuliers, à Béziers et à Vendres » précise Yvon Pellet.
En 2013, le département a déjà aidé au déploiement de la confusion sexuelle contre eudémis à Pinet. « L’opération a été un succès. Aujourd’hui 60% du vignoble de picpoul est confusé et la technique est déployée sur 20 000 hectares dans tout l’Hérault ».
Deux conseillers de la Chambre d’agriculture suivent cette nouvelle expérimentation. Maureen Masson est ravie d’en être. « Comme la Chambre d’agriculture de l’Aude, nous avions déjà fait des essais sur de petites parcelles en 2022 » témoigne-t-elle. Les trichogrammes avaient montré entre 50 et 90% d’efficacité, et les insecticides conventionnels 60% mais la pression du ravageur avait été trop faible pour que nous tirions de vraies conclusions. Cette année, c’est l’inverse.
Depuis 15 jours, elle prélève des grappes dans les parcelles des différents partenaires. « Je les fais tremper dans de l’eau salée pour faire ressortir les larves de cyptoblabès. Pour l’instant je n’en ai pas trouvé ». Le président de la cave de Sérignan Pierre Calmel a réalisé sa deuxième pose la veille au soir. « Je n’ai vu aucuns dégâts dans mes vignes alors que d’autres parcelles sont déjà très touchées ».
Les viticulteurs se sont fournis en trichogrammes à la cave agricole d’approvisionnement de Saint Thibéry et suivent le protocole défini par Bioline Agrosciences. « Les œufs des micro-guêpes éclosent pendant 15 jours. Il faut en poser 100 cartons à l’hectare, tous les 10 m² (3 ou 4 rangées), à l’intérieur des souches, 1 mois puis à nouveau 15 jours avant les vendanges, détaille Maureen Masson. Et surtout, il faut bien suivre les consignes de conservation et respecter les délais entre traitements ».
La tâche n’est pas forcément facile. Sabrina Sagnier a eu dû mal à positionner son dernier soufre contre l’oïdium. « Je travaille en bio et n’ai pas accès à des produits à grande rémanence » explique-t-elle. Adepte de la confusion sexuelle qui lui coûte déjà 150€/ha, la vigneronne espère voir la lutte biologique contre cyptoblabes se démocratiser. « Autrement, sans l’aide du département, il me sera impossible de mettre 170€/ha pour deux poses » annonce-t-elle.