la fin janvier, 817 400 hectolitres de vins de Bordeaux ont été contractualisés sur la campagne 2014-2015 d'après l'interprofession girondine (soit des enregistrements en baisse de -30 % par rapport à la campagne précédente). Alors que le tonneau de Bordeaux rouge 2013 est valorisé 1 236 euros (après un pic à 1 350 € la campagne précédente), celui millésimé 2014 s'échange 1 168 €*. « Les volumes échangés baissent depuis six mois. Les prix continuent de s'effriter, bien que l'on soit à des niveaux encore élevés de valorisation » constate Stéphane Héraud (président de la cave de Tutiac), ce 2 février devant l'assemblée générale de Fédération des Caves Vinicoles d'Aquitaine (la FCVA, dont il est le vice-président).
1 168 €/tonneau : un cours qui doit avoir valeur de plancher et non de moyenne pour les représentants de la coopération girondine, qui exigent depuis le début de l'année un maintien des cours (cliquer ici pour en savoir plus). « Nous savons tous que de trop fortes hausses et baisses de prix sont préjudiciables à l'ensemble de la filière. Les Bordeaux rosés sont, aujourd'hui, l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire » souligne Denis Baro (le président de la cave de Rauzan et secrétaire général de la FCVA). Partisan de la contractualisation sur la place de Bordeaux, il rappelle que « pour la première fois [sur la campagne 2013-2014], le prix moyen des vins vendus par la coopérative était inférieur à la moyenne globale. En 2015, nous souhaitons que le négoce s'en souvienne. »
Cette campagne, les coopératives ont retrouvé des cours supérieurs aux caves particulières, le Bordeaux rouge 2014 étant valorisé 1 190 €/tonneau pour les premières et 1 153 € pour les secondes (pour le millésime 2013, les cours sont respectivement de 1 313 et 1 256 €). Des cours qui pourraient être sous-évalués. Stéphane Héraud explique que « des contrats triennaux avec des négociants sont aujourd'hui enregistrés à un cours de 1 100 €, mais ils feront ensuite l'objet d'une facturation majorée de 10 %. Selon les services économiques du CIVB, cela n'aurait pas d'impact statistique. » Mais cela aurait un effet psychologique non négligeable pour Philippe Hébrard (directeur de la cave de Rauzan). Réfutant toute idée de trop-plein de volumes disponibles, ce dernier rapporte que « nous sommes tous convaincus qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir pour les stocks : aucun élément de marché ne justifie de baisser le cours à 1 150 € le tonneau, ce n'est pas représentatif de la valeur du millésime 2014 ! »
Début janvier, le négociant Allan Sichel prenait le parti d'un ajustement raisonnable des cours : « personne ne demande à ce qu'ils baissent, mais il faut créer des conditions tarifaires qui donnent confiance aux marchés et insufflent une dynamique commerciale. » Pour l'instant, ce serait plutôt l'attentisme qui marquerait cette campagne, chaque partie jaugeant l'autre plus que le tonneau en négociation.
* : Les Bordeaux blancs secs restent quant à eux fermes, le cours se maintenant à 1 200 €/tonneau (pour 177 000 hl échangés, -9 %). Celui des rosés est descendu à 1 200 €/tonneau.
[Illustration : détail de l'affiche du film Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone]