lors qu’ils avaient fait part de leurs préoccupations concernant l’approvisionnement en chêne français à Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, les professionnels de la merranderie et de la tonnellerie ont été choqués d’apprendre par voie de presse que l'accord de filière "Chêne", conclu en février 2022, avait été renouvelé par le Ministre de l'Agriculture et ses signataires.
Le premier client en valeur de l’Office national des forêts (ONF), qui attendait initialement de cet accord une baisse des difficultés d'approvisionnement en chêne, a une nouvelles fois été écarté des négociations sur la prolongation de cet accord jusqu’en 2025, visant notamment à accroître la contractualisation et à travailler à une méthode de révision des prix utile au développement et à la pérennisation de la filière.
« En garantissant aux scieries 50 % du volume de bois disponible, dont un tiers quitte l’Union européenne, l’accord lèse lourdement la merranderie-tonnellerie et la prive d’une ressource à laquelle elle apporte pourtant une forte valeur ajoutée, s’alarme Vincent Lefort, président du Syndicat des Mérandiers de France. Marc Fesneau ne nous considère pas comme des acteurs de la filière « Chêne ». Peut-être ignore-t-il que les approvisionnements de la filière merranderie-tonnellerie représentent 48% du chiffre d’affaires de l’ONF pour le chêne en forêts domaniales et 31% sur l’ensemble des forêts publiques ? Qu’elle est son premier client en valeur ? Et que son activité est, dans notre balance commerciale, la seule de la filière bois à être excédentaire ? »
Malgré des demandes « incessantes auprès du ministre », les mérandiers et tonneliers regrettent de ne ni être entendus, ni consultés. Ils estiment manquer de matière première, faisant subir à la filière vins et spiritueux des hausses très importantes. « Les contrats chêne ne satisfont personne et l’ONF se voit prendre des directions dangereuses. Le ministre de l’Agriculture ne mesure pas la gravité de la situation, déplore également Jean-Luc Sylvain, président de la Fédération des Tonneliers de France. Il est en train de mettre en péril l’élevage traditionnel en fût de chêne, et par voie de conséquence, la part la plus prestigieuse de la viticulture française. »
Le ministre a expliqué à Vitisphere que l’accord porte davantage sur les volumes de chêne qui sortent des frontières pour d’autres usages. « Il a été structuré par les grands acteurs que sont les scieurs, les coopératives… Ceux qui mettent en marché. Et cela a des effets plutôt favorables sur les usages. Dès que vous sortez moins de chêne, vous évitez les concurrences et cela impacte les mérandiers. Il n’y a personne qui sorte du chêne de France pour en faire des tonneaux et les ramener en France ». Marc Fesneau a promis de rencontrer les acteurs de cette filière pour en parler.