e passage en Charente le 16 juin dernier, Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme a échangé avec les représentants de la filière merranderie-tonnellerie sur les enjeux de la profession.
Après une visite de la tonnellerie Bel air, Jean-Luc Sylvain et François Witasse lui ont fait part de leur préoccupation concernant l’approvisionnement en chêne français.
Le président de la fédération des tonneliers de France et celui du syndicat régional des maîtres tonneliers du Sud-Ouest ont rappelé la dépendance de la filière aux forêts domaniales et communales, plus de 50% de leurs approvisionnements en chêne français provenant de bois produits et commercialisés par l’Office National des Forêts (ONF). Or ces dernières années sont marquées à la fois par une baisse de disponibilité de la matière première et par sa forte exportation, principalement vers l’Asie. De fait, la valeur marchande du chêne français a doublé en 2 ans, risquant à terme de mettre en péril l’élevage traditionnel du vin en fût.
Les bois mis en vente par l’ONF sont passés de 1,2 Million à 900 000 m3, notamment en raison d’une baisse de la ressource disponible. L’évolution des modes de commercialisation ont également réduit cette disponibilité pour la filière merranderie-tonnellerie. « Un tiers de ce chêne quitte l’Union européenne et prive ainsi la profession d’une ressource à laquelle elle apporte pourtant une forte valeur ajoutée » a complété Vincent Lefort, président du Syndicat des Mérandiers de France, insistant sur le fait que la tonnellerie est la seule activité excédentaire de la filière bois dans la balance commerciale du pays.
« Et pourtant, malgré nos nombreuses requêtes, la filière merranderie-tonnellerie a été exclue de l’accord « Chêne » signé en février 2022. C’est d’autant plus incompréhensible qu’elle est le premier client en valeur de l’ONF » a indiqué François Witasse. Cet accord porte notamment sur le développement de la contractualisation entre producteurs et transformateurs pour donner de la visibilité aux scieries et à la deuxième transformation et les aider à réaliser les investissements nécessaires à la transformation locale des produits forestiers. Toujours pour remédier aux difficultés d’approvisionnement des scieries de chêne, l’accord révise les modalités du label UE, lequel vise à assurer une transformation du bois d’œuvre au sein de l’Union européenne.
Les représentants des mérandiers ont par ailleurs fait part à la ministre de difficultés liées à la hausse des coûts de l’énergie, multipliés par quatre, et de leurs craintes sur de possibles restrictions de l’arrosage des bois, « une démarche indispensable à leur bonne conservation notamment en été, et qui s’avère d’autant plus nécessaire pour le stockage des bois façonnés et mis en vente bord de route essentiellement au printemps qu’impose désormais l’ONF ».
Enfin, les tonneliers ont rappelé leurs problèmes de recrutement malgré la mobilisation de leur fédération.
« Olivia Grégoire s’est montrée particulièrement attentive, a conclu Jean-Luc Sylvain. Elle s’est notamment engagée à partager nos préoccupations avec ses collègues de l’Agriculture et des Finances. Des rendez-vous devraient être calés prochainement et nous espérons que nos préoccupations seront enfin prises en compte. »