’après un premier bilan dressé par le ministère chilien de l’Agriculture, quelque 100 000 hectares de terres agricoles seraient directement touchés par un système frontal qui s’est abattu la dernière semaine de juin sur sept régions du pays, dans les secteurs situés entre Valparaíso et Bío Bío. S’y ajouteraient 180 000 ha touchés indirectement, correspondant aux systèmes d’irrigation. « Le territoire affecté par les inondations dans le secteur agricole s'étend de la région de Valparaíso à La Araucanía, toujours du côté pacifique de la panaméricaine. Les zones les plus compliquées sont celles de Talagante, El Monte, María Pinto dans la région métropolitaine, ainsi que Coltauco, Doñihue et San Vicente, dans la région d'O'Higgins, principalement dans les cultures à proximité des principales rivières », note Benoît Fitte, responsable technique auprès du groupe Survalles, l’un des plus gros exportateurs de vins au Chili.
« Les cultures les plus touchées sont les vergers par l’abondance de boue, produite par des débordements inhabituels, principalement des cerisiers, des agrumes et des avocats, mais peu de vignes », précise l’œnologue français. Ses propos sont confirmés par un porte-parole de la maison Concha y Toro, qui compte plus de 10 000 ha de vignes situés dans dix vallées à travers le pays : « Au sein de l’entreprise, il n’y a eu aucun impact sur nos vignes ni sur nos opérations et nous continuons de fonctionner comme d’habitude ».
Un premier sondage réalisé par l’organisme professionnel Vinos de Chile abonde dans le même sens, ne recueillant que peu de constats de dégâts. Seules dix-neuf caves ont répondu à l’enquête et citent notamment des problèmes liés aux infrastructures endommagées, surtout des routes d’accès et des ponts. Quelques caves ont rapporté des dégâts sur le matériel de palissage et les tuyaux d’irrigation en goutte à goutte, ainsi que des accumulations de boue et de déchets dans les vignes. En raison de l’inaccessibilité des parcelles, les travaux d’hiver à la vigne ont dû être suspendus. Certains lieux de stockage ont été touchés, entraînant la perte de matériel et d’intrants, tandis que quelques caves signalent des coulées de boue et des inondations, endommageant des infrastructures oenotouristiques. Mais globalement, le secteur vitivinicole a été plutôt épargné par cette deuxième catastrophe naturelle de grande ampleur cette année, plusieurs incendies ayant touché les campagnes chiliennes fin janvier et laissé 300 hectares de vignes en cendres.