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Dégoûte d’eau

Par Alexandre Abellan Le 16 juin 2023
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Dégoûte d’eau
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dieux Audois ? La sortie de route d’un vigneron insultant la députée écologiste Sandrine Rousseau ce 12 juin en marge du blocage spontané d’un atelier politique ne peut susciter que la consternation. Si d’aucuns veulent minimiser la violence des propos en parlant d’un excès verbal folklorique, l’Aude ayant un ADN sanguin, ou en rappelant les multiples déboires du vignoble, pour tenter d’excuser ce qui ne peut l’être, il demeure que cette sortie de route rend inaudible le mal-être qui aurait dû être exprimé différemment. Car « tout ce qui est excessif est insignifiant » résumait Talleyrand. Ce n’est pas un cri du cœur qui a été émis, mais un pathétique aboiement qui a été entendu. Violences verbales et physiques n’ont pas leur place dans la filière vin. Et ce même si la sécheresse exacerbe les tensions. Se retrouver sans eau dans son vignoble n'excuse pas d’être ignoble avec Rousseau.

Inaudible dans ces altercations, la discussion qui a tenté d’avoir lieu ce 12 juin entre vignerons excédés et députées écolos aura tourné à l’échange d’affirmations péremptoires, chacun campant sur ses positions fermes et fermées. Dans ces échanges de caricatures, les viticulteurs verraient dans les élus verts de doux rêveurs citadins bernés par la Confédération Paysanne à en devenir dangereux pour la poursuite de toute activité agricole rentable, tandis que pour les écologistes, les agriculteurs doivent se convertir aux pratiques biologiques sinon ils sont abusés par l’agroindustrie et la FNSEA. Mais dans les faits, les vignerons ont une fibre écologiste indéniable, de la protection des terroirs à la gestion de la biodiversité, et les écolos ne rêvent pas de jachères et de friches à la place des vignobles actuels. Un entre-deux existe : il semble même défendu par la majorité silencieuse qui n’invective pas ce qui ne lui convient pas et ne l’écharpe pas sur les réseaux sociaux.

La recherche d’une durabilité environnementale, économique et sociale peut être le socle commun d’une discussion dépassant les clivages établis en chapelles se radicalisant (par l'invective ad hominem, mais aussi la dégradation de biens, comme l'opération incompréhensible des Soulèvements de la Terre ce 11 juin contre des essais maraîchers à proximité de Nantes). L’enjeu ne serait pas de convaincre l’adversaire de l’erreur de ses convictions face à la justesse de sa propre vision/expérience, mais de comprendre les objectifs complémentaires qui existent pour trouver un compromis profitable à tous. Pas de monopole des écolos sur l’environnement ni des vignerons sur le vignoble : les deux sont des biens communs trop précieux pour être des chasses gardées. Alors, on sort des anathèmes ne permettant pas de sortir de l’impasse et de trouver des alternatives ? « C'est notre époque qui a créé le terme outrancier ; naturellement elle a eu le mot, du moment où elle a eu la chose » écrivait l’historien Édouard Le Héricher en 1874. Un siècle et demi plus tard, ce serait le terme compromiscibilité qu’il faudrait inventer et utiliser. Un terme miscible, mi-compromis, et re-miscible derrière...

 

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Tous les commentaires (5)
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Dominique Le 17 juin 2023 à 15:04:34
Si j'ai bien compris le démarrage de l'altercation, ces deux élues venaient visiter un domaine. Elles en ont été empêchées physiquement. Cela est le fait du syndicat viticole de l'Aude qui n'en est pas à ses débuts concernant les voies de fait. En novembre 2020, il déversait du moût de raisin devant le siège du journal local ( L'Indépendant ) qui avait publié un article sur les pesticides qui ne lui plaisait pas. Sans même avoir demandé un droit de réponse à l?article qui commentait une étude officielle sur la contamination de l?air. Le nom du journaliste avait été taggé sur le mur du journal en guise de menace personnelle. Quand j'entends parler de "provocation", on parle de quoi ? De venir exposer une vision différente ? Y-a-t-il des sujets interdits ou des territoires interdits sous peine de relever de la provocation ? C?est le vrai sujet auquel il faut donner une réponse claire. Je pense qu?il faudrait que chacun reprenne ses esprits. Le naufrage économique de la viticulture est d?abord le fait de la filière elle-même. Balayons devant notre porte.
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VignerondeRions Le 17 juin 2023 à 07:28:48
Ne soyons pas naïf, c'est exactement les images qu'elles étaient venues chercher. Les gentilles ecolo agressées pas de redoutables bouzeux, Vignerons, ou autres ruraux rustres et éventuellement chasseurs... N'en jetez plus. Les précédents commentaires sont juste dans leurs analyses. Ces personnes n'ont rien fait de bien pour l'écologie, bien au contraire. Ce sont des artistes du cirque politique de notre société ou chacun tient son rôle, bien trop souvent pour soit même plus que pour le bien collectif. Alors oui, c'est déplorable, pathétique, etc... Mais j'ai juste envie de remettre les choses à leur place, qui s'éreinte à cultiver la terre, qui n'a pas de salaire, qui est l'objet d'une stigmatisation systématique de son activité, Madame Rousseau ou son agresseur verbal? Seule les images resteront et non le fond du problème, c'est bien ce qui est le plus grave dans cette affaire.
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Fab Le 16 juin 2023 à 19:35:20
Les propos du vignerons sont inexcusables mais les personnes en face sont des es khmers verts, qui n'ont d'écologiste que le nom. Ce sont des bobos citadins qui vivent à Paris qui se permettent de venir dans les campagnes donner des leçons aux paysans sur leurs façons de cultiver. Déjà vivre en ville et être un vrai écolo, c'est pas possible. Quand on voit ce qu'ils ont fait des villes qu'ils dirigent, ils feraient mieux de balayer devant leur porte. Leur parti politique devrait s'appeler "la chienlit"
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vinifera Le 16 juin 2023 à 18:25:20
Où voyez vous de la modération chez les écolos engagés ? Ils n'ont qu'un discours négatif et répressif. Au lieu de convaincre, ils agressent, ne respectent pas la propriété, détruisent sans aucun respect ni dialogue. Les élus écolos ne condamnent jamais les extrémistes et les légitiment. Où est la démocratie ? Quand une petite minorité impose à une grande majorité ses idées par la force, la discrimination et la peur, cela porte un nom : une dictature Et ne me taxer pas d'anti écolo, je suis en bio depuis 15 ans. La différence, c'est que l?écologie je la vis , pas avec un vélo électrique, une assiette végan ou un tee shirt en coton recyclé !
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JACOB Le 16 juin 2023 à 14:19:08
D'accord avec vous que l'outrance des mots n'est pas la solution. Cependant je vous trouve un brun naïf ou très politique quant vous écrivez que les écologistes et pire encore les écologistes politiques ne voudraient que le bien être morale et économique du monde agricole. L'écologie politique n'est qu'un prétexte pour faire avancer masqué un mouvement politique d'extrème gauche qui par définition n'est pas compatible avec l'économie. Je vous fais grâce aussi évidemment de leur position sociétale soit disant progressiste. ainsi, je ne crois pas du tout à leur sincérité écologique et je ne les crois pas un seul instant succeptible de faire avancer la cause écologiste. Un seul exemple me vient en tête , ce sont ces mêmes personnes qui 20 ans auparavant souhaitaient démanteler la filière nucléaire, on voit le résultat aujourd'hui. Alors certes la colère n'est pas bonne conseillère, mais elle exprime aussi un désarroi, un sentiment d'abandon, d'incompréhension. Je pense, j'espère que ce vigneron regrette ces propos, mais face à la démagogie on a peu d'armes pour lutter.....
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