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Si pas de "renaturation", pas d'aide pour arracher : une "hérésie" pour les vignerons
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Bordeaux
Si pas de "renaturation", pas d'aide pour arracher : une "hérésie" pour les vignerons

Le plan d’arrachage entre en action. Mais les deux tiers des crédits sont affectés à la renaturation des parcelles pendant vingt ans. Les viticulteurs ont du mal à digérer cette mesure.
Par Colette Goinère Le 07 juin 2023
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Denis Lecourt espère arracher 9,60 ha en bénéficiant de la prime et planter, à la place, des peupliers destinés à l’industrie du bois. - crédit photo : DR
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Bordeaux, la campagne d’arrachage « sanitaire » est lancée. Le 5 juin, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’est rendu à Sallebœuf, chez Régis Falxa, président des vignerons indépendants de Gironde, pour signer une convention tripartite. Dans l’affaire, l’Etat apporte 30 millions d'euros, la région Nouvelle-Aquitaine 10 M€ et l’interprofession des vins de Bordeaux 19 M€, dans le but d'arracher 9500 ha avec une prime de 6000 €/ha.

Problème : les deux tiers de ces crédits sont consacrés à la « renaturation » des parcelles arrachées, c’est-à-dire à leur conversion en bois ou en jachère, sans rapport, pendant au moins vingt ans. Un peu plus de 3000 ha, seulement, pourront produire autre chose après arrachage. Les viticulteurs intéressés ont du mal à digérer cette mesure.

André Faugère, à la tête d’un vignoble de 37 ha, à Escoussans, est de ce nombre. Il veut arracher 10 ha pour aider un de ses fils à se lancer dans un élevage de bovins et de porcs en plein air. « La renaturation, c’est une erreur, une hérésie, proteste-t-il. Renaturer des terres avec zéro économie dessus, j’ai du mal à comprendre, alors que l’on nous parle sans arrêt de l’autonomie alimentaire de la France. »

"Qui va entretenir ces jachères ?"

Puis il avance un autre argument : « Une fois que ces vignes seront arrachées, rien ne dit qu’il n’y aura pas de repousses, lesquelles peuvent constituer des foyers d’infection. Sans compter que tous les ans, il faudra entretenir ces jachères. »

A Génissac, Denis Lecourt, à la tête du Château Lecourt Caillet, partage ce sentiment. « C’est idiot de laisser des terres en jachère », assène-t-il. Une des dispositions du plan le choque particulièrement : les vignerons qui veulent profiter de l’arrachage pour cesser leur activité n’ont pas d’autre choix que de renaturer leurs parcelles. « Une fois qu’ils auront empoché les 6000 €/ha que leur restera-t-il ? Rien ! On n’imagine pas leur désarroi. »

Denis Lecourt dirige une exploitation de 30 ha en AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Il vend 70% de sa production en bouteilles et 30% en vrac. Il espère arracher 9,60 ha en bénéficiant de la prime et planter, à la place, des peupliers destinés à l’industrie du bois. Son vrac ne se vend pas. « Mes récoltes 2021 et 2022 en Bordeaux rouge sont toujours dans le chai, déplore-t-il. Je ne trouve pas preneur auprès du négoce. Pour combler les trous, j’ai vendu la maison de mes parents, vidé mes assurances-vie. Alors, j’arrête le vrac. »

Pour Jean-François Chaloupin, au château Bieujac La Croisette, 22 ha en AOC Bordeaux, à Bieujac, dans l’Entre-Deux-Mers, l'obligation de renaturation est une catastrophe. « Ces terres laissées en jachère vont donner des ronces, prévient-il. Tous les ans, il faudra broyer, nettoyer. Avec quel argent, s’il n’y a pas de revenus ? Et où se trouve la souveraineté alimentaire dont on nous rebat les oreilles? » Combatif, Jean-François Chaloupin entend arracher 10 ha en bénéficiant de l’aide puis y cultiver des céréales.

"C'est contraignant"

« La renaturation avec un engagement sur 20 ans, cela choque nos viticulteurs qui pour certains sont déjà âgés. C’est contraignant », reconnait timidement Stéphane Gabard, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Les viticulteurs peuvent remplir leur dossier de pré-candidature depuis le 5 juin, et ce jusqu’au 17 juillet prochain sur une plateforme en ligne. Les candidats retenus pourront faire leur demande officielle de mi-septembre à mi-octobre… sauf surprise. Dans sa notice détaillant le dispositif d’arrachage, la préfecture rappelle que l’aide de l’Etat sera versée « sous réserve de la validation de cette aide par la Commission européenne. »

 

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Tous les commentaires (6)
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Agrolaterre Le 13 juin 2023 à 07:43:06
Enfin des bonnes décisions de nos fonctionnaires Des primes toujours des primes sans inconvénients c'est comme des chômeurs Prenez vos responsabilités et peux être vous remettre en question sur le produit et savoir le vendre Toujours attendre l'effort des autres voilà cec qui vous arrivent Prenez votre bâton de pelerin et cherchez vous même les bonnes solutions
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Michel3 Le 12 juin 2023 à 18:33:36
On voit une fois de plus l'incompétence de nos hauts fonctionnaires qui ne connaissent rien à leurs ministères et la volonté de ce gouvernement de casser la France .
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En colère Le 12 juin 2023 à 08:23:00
Bravo à nos leaders syndicaux qui ont encore prouvé à tous le monde, qu'il n'était là que pour eux et la défense de leurs intérêts personnels !!! Nous sommes sans doute fautif, de ne pas les avoir renouveler et de leurs fait confiance. Il est vrai que nous sommes tous très pris par notre activité, et que cela nécessite beaucoup de temps libre !!!!!
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Abus de confiance Le 09 juin 2023 à 18:20:36
Les politiques sont largement influencés par les présidents des groupes syndicaux. Si leurs compétences étaient égales à leurs égos, nous n'en serions pas là !
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Bon sens Le 08 juin 2023 à 15:32:30
Le pire du pire, c'est que les riparia (repousse de porte greffe) ne vont pas tarder d'envahir les parcelles re naturé. Les riparias seront des refuges à cicadelles de la flavescence dorée, et ils sont aussi porteur sain du virus dans des parcelles qui ne pourront pas être traité. Au lieu de régler un problème on va l'amplifier, c'est ça l'administration à la Française ??? J'ai honte.
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Bob26 Le 07 juin 2023 à 18:59:07
On marche sur la tête. La France est un pays magnifique avec des fonctionnaires qui le sabordent. Laisser des terres incultes pour que l étranger vienne nous vendre ce que l'on aurait pu produire sur notre sol.... hérésie.. Le monde a fain ..qui va le nourrir..la bureaucratie ou les paysans.. faudrait qu'ils réfléchissent deux secondes ....laissez nous travailler....
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