n cette période de Tour de France, vous pensez qu’il est plus facile et rapide de descendre une pente que de monter une côte ? Les verriers vont vous faire changer d’avis : après avoir grimpé, sans difficulté ni délai, les cols des hausses récurrentes de prix de 25 à 40 % pour leurs bouteilles sur la seule année 2022, ces groupes amorceraient timidement une baisse de leurs propositions tarifaires de 3 à 7 % depuis ce printemps 2023. Du moins, si l’on en croit des échos venant d’opérateurs de la filière vin, les verriers étant d’une pudeur de gazelle quand il s’agit de parler de prix à la hausse ou à la baisse à la presse...
Une discrétion que ces groupes n’ont plus quand il s’agit de présenter leurs bilans financiers à leurs actionnaires. Plus de retenue ici, mais une stratégie affirmée et assumée de dopage des prix au-delà de l’inflation… Alors que les prix de l’énergie ont fortement diminué, cette première petite baisse des tarifs tient du signal qui n'est pas à la hauteur du geste attendu. Sans doute pour continuer d’assurer une marge confortable aux mastodontes que sont O-I, Vidrala et Verallia… Ce qui n’est pas pour apaiser les opérateurs de la filière vin, qui ont bien compris que les sacrifices sur leurs marges ont financé les bénéfices des groupes verriers, de leurs actionnaires et de leur désendettement. Et tout ça pour avoir un service client particulièrement déceptif : délais qui explosent et qualités discutables…
Après avoir vécu leur meilleure vie (entre conditions tarifaires non négociables et livraisons sans visibilité), les verriers semblent mal vivre la grogne actuelle. À les entendre, il faudrait les comprendre : ils soumettent à un régime maximal leurs fours et il faudrait les soutenir et non les critiquer. La filière verrière étant trop (mono)poli(stiqu)e pour être honnête, ce sont désormais des gestes réellement forts qui sont attendus par la filière vin : baisse des prix et amélioration des conditions de commande et de livraison. Alors, marge ou trêve ?
Tandis que la solution alternative de la consigne des bouteilles connaît de nouveaux développements, la volonté gouvernementale de développer les emballages réemployables semble bien tomber, avec l’objectif de 10 % en 2027 et de récentes annonces pour accélérer le mouvement, dès l'an prochain en grande distribution. On entend déjà des engagements vertueux de Verallia et O-I pour développer ces alternatives. Peut-être parce qu’il y a de nouvelles subventions à la clé dirons les esprits chagrins… Mais il est vrai que les verriers n’ont pas habitué la filière vin à d’autres modes de pensée, en verre et contre tous. Pour changer la donne, il ne reste qu’à ces industriels de jouer la transparence totale sur leurs coûts de production et stratégies industrielles. Sinon, ils ne réussiront qu’à montrer qu’ils sont vraiment bas du plafond de verre.