C’est l’aboutissement d’un travail de 7 ans », pose d’emblée Denis Verdier, président du groupe coopératif gardois Vignerons Propriétés Associés (VPA) basé à Générac, et dont les adhérents, dans le secteur des Costières de Nîmes, vont grandement bénéficier de l’extension du réseau d’irrigation depuis l’eau du Rhône. Sur les communes de Générac, Beauvoisin, Vauvert et Saint-Gilles, « la création du réseau hydroagricole des Collines des Costières prolonge le réseau hydraulique régional (RHR) pour mobiliser la ressource en eau puisée dans le Rhône à destination de l’agriculture », explique Fabrice Verdier, président du conseil d’administration de BRL, opérateur en charge de la gestion de ce réseau.
Grâce à 25 kms de canalisations supplémentaires et 46 bornes installées, 630 ha de terres agricoles (67 exploitants) de ces 4 communes peuvent bénéficier de cet apport d’eau dans leur réseau goutte-à-goutte. C’est le vignoble (environ 400 ha) qui est très majoritairement concerné par cet investissement ayant mobilisé une enveloppe globale de 5,2 millions €. Deux tiers des vignerons concernés par le projet sont des coopérateurs adhérents de VPA, pour un tiers de vignerons indépendants. « C’est avant tout un projet de territoire, dans l’intérêt économique de l’ensemble des opérateurs », relève Denis Verdier.
Alors que la région Occitanie a financé ce projet à hauteur de 2,4 M€ (dont 1,1 M€ sur le fonds FEADER), c’est sa présidente Carole Delga qui est venue procéder à l’ouverture inaugurale de la vanne d’une des 46 bornes d’irrigation. Elle en a profité pour rappeler les grands axes du futur plan eau régional, qui sera voté en assemblée plénière régionale le 22 juin prochain. « L’actualité nous rappelle que nous sommes là pour apporter des solutions pour l’eau potable, mais aussi pour l’eau productive à destination de l’agriculture. Notre géographie dispose déjà de retenues collinaires dans les zones de coteaux, souvent mal entretenues. Nous devons les réhabiliter et les entretenir. Nous devrons en créer de nouvelles, non pas un système de bassines qui ne sont techniquement pas adaptées à notre région, mais un maillage de petites retenues efficaces pour nos agriculteurs », précise-t-elle.
Spécialiste des questions hydriques par son passé professionnel, Carole Delga a également appuyé, en ces temps de sécheresse, le rôle fondamental des zones humides « pour leur capacité de rétention des eaux de précipitations en limitant le ruissellement », l’orientation vers la réutilisation des eaux usées traitées issues des stations d’épuration, et la structuration du maillage de captation et d’approvisionnement, à l’image de ce qui aurait dû être fait « dans les vallées des Pyrénées-Orientales où il faut aujourd’hui acheminer l’eau potable par citernes ».
Le président de BRL Fabrice Verdier rappelle à cette occasion que le prélèvement annuel total de BRL (150 millions m3) dans le Rhône est inférieur à 0,3% des écoulements du fleuve vers la mer (54 milliards m3). « BRL utilise moins de 25% de son autorisation de prélèvement dans le Rhône. En allant jusqu’à 40%, l’impact sur le fleuve resterait insignifiant et contribuerait fortement au pool de solutions climato-compatibles à disposition de la région », explique-t-il. Le plan eau régional qui sera annoncé en juin tranchera.