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Des vignes reculent loin des habitations en raison des distances de sécurité vis-à-vis des riverains
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Traitements phyos
Des vignes reculent loin des habitations en raison des distances de sécurité vis-à-vis des riverains

Prévoyant la généralisation de la distance de sécurité de 10 m pour les traitements, des vignerons arrachent des rangs de vigne proches de maisons. D’autres replantent loin de toute habitation.
Par Colette Goinère Le 01 mai 2023
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 Des vignes reculent loin des habitations en raison des distances de sécurité vis-à-vis des riverains
' Cette parcelle de 1 ha est entourée de quatre maison. Si la DSPPR de 10 m se généralise je devrai l'arracher. Ca ne vaudra plus le coup de la travailler ', indique Pascal Pelissou viticulteur à Brens dans le Tarn - crédit photo : DR
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et hiver, Pascal Pelissou a arraché quatre parcelles qui touchaient dix maisons. « Ce sont des vieilles vignes plantées sur des petites parcelles de moins d'un demi-hectare. Il fallait que je les arrache », explique-t-il. En d'autres temps, il les aurait replantées au même endroit. Mais vu le climat de suspicion à l'égard des traitements et, surtout, le risque que la DSPPR (distance de sécurité vis-à-vis des personnes présentes et des riverains) passe à 10 m pour tous les produits phyto, il les replantera ailleurs.

Avec 5 m on s'en sort, pas avec 10 m

« J'ai la chance d'avoir du foncier, explique ce vigneron qui exploite 69 ha dont 25 en bio à Brens, dans le Tarn. Je n'ai pas d'ennui avec mes voisins. Ils sont plutôt contents d'avoir de la vigne ou des champs à côté de chez eux. Mais si la DSPPR passe à 10 m, il ne restera plus grand-chose dans ces parcelles. Ça ne vaudra plus de coup de les cultiver. Nous avons signé une charte de bon voisinage en juin l'an dernier qui nous permet de réduire la distance de sécurité à 5 m avec un pulvérisateur antidérive. Avec 5 m, on s'en sort dans toutes les situations. Pas avec 10 m. »

Que se passera-t-il lorsque cette distance de 10 m se généralisera ? La question travaille Pascal Pelissou qui a fait ses comptes. « Je devrais arracher 1 ha à cause des maisons et 2 ha à cause des chemins. Pour les maisons, je comprends qu'il faille traiter à distance, pas pour les chemins ruraux : il n'y passe presque personne », déclare-t-il. Heureusement pour lui, ces chemins ne sont pas concernés au même titre que les habitations [voir encadré].

Replanter ailleurs

Un peu plus loin, à Cunac, commune résidentielle à 5 km d'Albi, cet autre coopérateur préfère garder l'anonymat. « Certaines de mes parcelles sont coincées par les habitations », indique ce vigneron à la tête de 21 ha certifiés bio depuis 2023. Avant chaque traitement, il envoie un SMS à une vingtaine de riverains et ne manque jamais de leur rappeler qu'il est en bio. Il a peu de retours de leur part. Et pas de problèmes avec eux.

Il a fait ses calculs : en tout, ses parcelles à moins de 10 m d'habitations ou de chemins couvrent 5 ha. « Face à l'épée de Damoclès que constituent les DSPPR, je pense arracher ces vignes dans les deux ou trois ans qui viennent. Et ce d'autant plus facilement que ce sont de vieilles vignes que je pourrai replanter ailleurs, même si ces petites parcelles qui s'imbriquent les unes dans les autres font la beauté de ce paysage dans lequel j'ai grandi », confie-t-il.

Plus de plaisir

Déjà au cours des quatre dernières années, il a replanté 6 ha sur des terres éloignées des habitations qu'il consacrait à la culture du maïs semence. Seules deux maisons figurent dans ce paysage. « On ne prend plus plaisir à exercer notre métier à cause des risques de tension avec les riverains et de la législation qui nous contraint de plus en plus », indique-t-il.

Autre problématique : une dizaine de chemins traverse ses vignes. Il a mis des pancartes indiquant « chemin interdit, propriété privée ». Pas de quoi faire rebrousser les promeneurs.

Préserver les bonnes relations

En Alsace, Maximilien Zaepffel n'a aucun problème avec le voisinage. « On a toujours fait de la prévention. Il n'y a jamais eu un mot de travers », relate le propriétaire du domaine éponyme, 11 ha à Dambach-la-Ville, en bio depuis 2021. Il y a vingt ans déjà, la commune, qui compte trois écoles et un Ehpad, et les viticulteurs se sont mis autour de la table pour s'entendre sur les horaires d'épandage. Histoire de pacifier les relations avec le voisinage.

Bien qu'il n'ait aucun problème avec ses voisins, Maximilien Zaepffel a arraché des rangs de vigne sur cinq parcelles jouxtant des habitations pour « préserver nos bonnes relations ». Désormais, ses deniers rangs sont à 10 m.

Pour ce qui est des chemins, c'est une autre affaire. Une piste cyclable de 6 km de long traverse les vignes du viticulteur. « Les gens nous insultent et nous traitent de pollueur. J'essaie d'expliquer notre métier quand un cycliste s'arrête. Parfois, il repart en étant moins en colère. »

Une folle mesure

Christian Kohser, vice-président de l'ODG des vins d'Alsace, s'inquiète : « Rien ne dit que la DSPPR ne sera pas portée au-delà de 10 m. Ce qui condamnerait des pans entiers de l'économie », prévient-il.

Dans le Bordelais, Paulin Calvet, propriétaire du Château Picque Caillou, 25 ha, un des quatre vignobles les plus proches de Bordeaux, ne dit pas autre chose : « Si cette folle mesure est appliquée à tous les produits, je perdrai un hectare, mais dans d'autres régions, comme la Champagne ou l'Alsace, ce sera pire, il y aura des milliers d'hectares sacrifiés. »

Par chance, le château jouxte un bois. Il a donc peu de riverains directs avec lesquels les relations sont cordiales. « Depuis dix ans, j'envoie des messages pour les informer lorsque nous allons traiter. Nous n'avons pas de problèmes. » Sur ses chemins, il a mis une pancarte « chemin privé ». Cela ne dissuade en rien les promeneurs qui continuent de circuler.

Les promeneurs protégés, pas les chemins

La distance incompressible de 10 m s’applique-t-elle aux chemins ? Contrairement à La Vigne et à Vitisphere, le service homologation d’une firme phyto qui souhaite rester anonyme a obtenu une réponse de la direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture. « La DSPPR doit être respectée que les lieux d’habitation [écoles, hôpitaux, Ehpad, usines, commerces… NDLR] soient occupés ou non. En revanche, elle ne s’applique aux chemins et aux routes que lorsqu’un passant est présent », explique cette entreprise. La DGAL a précisé que la DSPPR s’applique au promeneur présent au moment du traitement et non à l’ensemble du lieu où il est susceptible de se trouver. « Lorsqu’un viticulteur est en train de traiter et qu’un promeneur s’approche à 10 m, le mieux est donc qu’il s’arrête et qu’il ne reprenne qu’après le passage du promeneur », reprend la firme. Pour éviter de devoir s’interrompre, les viticulteurs peuvent placer une pancarte prévenant les passants qu’ils sont en train de traiter en leur demandant de patienter un petit moment. M. B.

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Tous les commentaires (3)
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Juju Le 03 mai 2023 à 11:47:36
Vous tuez et empoisonné des gents avec vos pesticides, et pour chaque malade le coût est aux frais de la sécu. Alors faite de bio. Et stop a la destruction du vivant. Les chiffres sont implacable.
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Xavier A. Le 02 mai 2023 à 08:04:35
Tout va à l'encontre de tout et inversement! (sic) Donc, pour résumer le commentaire précédent chaque agriculteur muni d'un appareil de traitement doit se justifier de son travail auprès de la population afin de ne pas froisser celle-ci? Sur mon secteur les panneaux ne sont pas les bienvenus et pour cause; dans un cadre de "rurbanisation" ils fleurissent trop pour informer, faire de la publicité en tout genre. Donc de nouveaux panneaux ne sont pas à l'ordre du jour fussent-ils pour indiquer une propriété privée, un chemin interdit, une mise en garde de battues... de toute façon l'expérience à prouvée qu'ils ne résistent pas plus d'un mois à la lecture du public et qu'ils ne sont pas respectés! Ils sont généralement détruits. Mais plus grave, je m'interroge sur l'avenir en général de nos faits et gestes en agriculture, comment dans l'avenir nous emploierons notre temps? doit-on devenir des médiateurs? des éducateurs? devra-t-on se justifier de notre travail? quel acteur en France doit se justifier de son travail auprès d'un large public hostile envers lui???????? Il n'y a qu'en France que l'on voit cette déferlante qui grossie chaque année envers l'agriculture ! Nos pouvoir public n'ont pas conscience du mal qui font à vouloir laver toujours plus blanc que le voisin! les informations dans les reportages sur l'agriculture que nos écrans diffusent ne sont que "désinformation" pour un public avide de sensations au même titre que la téléréalité! Seulement là nous ne sommes pas les héros tatoués aux gros bras musclés à répéter bêtement des mots inventés par des cerveaux étriqués... nous sommes les zéro pointés du doigts! Qu'avons-nous fait pour mériter cela? Forcément l'agriculteur Français est le meilleur du monde, mais ça personne ne le dit.
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Correcteur Le 02 mai 2023 à 05:05:58
des vigneS,
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