abrice Benesteau, propriétaire du domaine de la Tuffière, 26 ha à Lué-en-Baugeois (49), et Jean Plassais, son tractoriste, font le même constat : « Avant de s’équiper d’un outil, il est important d’avoir une démonstration dans ses parcelles pour savoir s’il convient au travail que l’on veut faire et à ses sols. »
En 2018, Fabrice Benesteau décide d'investir dans un intercep. Le vigneron se souvient : « Le commercial nous a conseillé le cadre avec des lames Aguilar Bernardoni. Nous n’avons eu ni démonstration, ni mise en route. Je ne l’ai pris en main qu’en juillet à cause d’un retard de livraison. Non seulement les conditions n’étaient pas optimales, mais on a tâtonné pour comprendre les multiples réglages. »
Jean Plassais, tractoriste pourtant expérimenté, lui non plus ne fût pas au bout de sa peine : « Les ajustements étaient très techniques. On a cassé pas mal de ceps, notamment à cause de la résistance du palpeur qui était trop dure et de l’effacement trop lent. À cause de notre manque de connaissance de l’outil, nous avons perdu beaucoup trop de temps en réglages. » Les multiples ajustements hydrauliques et de boulonnerie auront raison de leur patience : depuis, l’outil sommeille au fond du hangar en attendant d’aller chez un autre viticulteur.
En 2020, le domaine bénéficie d’une démonstration de l’intercep à lame Braun LUV Perfekt sur ses terres. Le vendeur explique le fonctionnement de l’outil et accompagne les vignerons lors d’essais dans plusieurs de leurs parcelles. Convaincu, Fabrice Benesteau s’équipe.
« Par la suite, nous avons été suivis, indique-t-il. Une fois, nous avons eu de la casse au niveau des souches. Le conseiller est venu régler le débit hydraulique puis nous a montré comment régler les palpeurs en hauteur. Cela a été très utile pour éviter un effacement précoce de l’outil dans des cavaillons buttés un peu haut. Depuis, nous n’avons eu que des problèmes minimes avec cet intercep. »
Aux Garennes-sur-Loire (49), le domaine des Deux Moulins compte 72 ha conduits en bio. Daniel Macault, le propriétaire, et Yannick Fradin, son chef de culture, ont trouvé chaussure à leur pied en 2020 avec une combinaison Clemens-Belhomme. Sur le cadre Hexagon de Clemens, quatre disques crénelés délimitent la bande enherbée tandis que deux interceps Belhomme – deux dents en col de cygne ouvrant la terre devant deux disques – nettoient les rangs.
Le chef de culture a découvert les interceps Belhomme lors d’une formation. « J’ai trouvé que ce serait plus pertinent d’utiliser ces interceps à disques que ceux à lames sur certaines parcelles. Cela s’use moins vite, on peut travailler dans des terrains un peu plus gras et, surtout, on n’a pas de palpeurs. »
Il précise : « Le problème avec les interceps à lames, ce sont les palpeurs. Quand les souches sont tordues, les lames s’effacent trop tôt ou trop tard, provoquant un désherbage incomplet au pied du cep ou de la casse. Avec les disques Belhomme, comme il n’y a pas de palpeur, cela n’arrive pas. »
Le point positif de leur achat : Gérard Belhomme est venu lui-même mettre en route son matériel « avec sa cotte, ses bottes et ses clés », précise Daniel Macault. Le constructeur a expliqué différents réglages : pression des disques et gestion de leur retour, profondeur de travail et écartement.
Une fois l’outil maîtrisé, c’est assez naturellement que le chef de culture décide de l’assembler au cadre Hexagon qu'il équipe de quatre disques seulement, deux de chaque côté, pour délimiter ses bandes enherbées et désherber ses interrangs en un seul passage. « Avec l’accompagnement dont on a bénéficié, aujourd’hui peu de temps nous suffit pour régler ce matériel », se satisfait-il.
Après vingt ans d’expérience en tant que chef de culture, Pierre-Denis Cault devient conseiller agroéquipements pour la chambre d’agriculture du Gard. Sa mission est claire : aider les vignerons à s’équiper puis à utiliser leur matériel. « Les vignerons savent souvent ce dont ils ont besoin, mais ils se noient dans le nombre impressionnant de solutions, de matériels et dans les itinéraires techniques », explique-t-il.
« Je suis allé chez un vigneron qui ne parvenait pas à désherber correctement ses cavaillons avec son intercep à lame Gardell. La profondeur de travail était beaucoup trop importante : la lame coupait les racines mais redéposait une grosse couche de terre au même endroit sans l’éclater. » Rapidement, Pierre-Denis Cault constate : « L’outil était plutôt bien réglé, mais pas le troisième point qui était trop long et biaisais le talonnage de l’intercep. »
Si le prix d’une intervention fait souvent reculer les viticulteurs (400 € pour 4 heures), pour Pierre-Denis Cault, il est justifié. « On fournit un rapport technique détaillé en fin d’intervention. Cela permet ensuite aux vignerons de partager ces solutions et les bonnes pratiques. » Peut-être, finalement, vaut-il mieux être accompagné que seul.