Elle joue « à domicile ». La Médocaine de Construction Viticole, plus connue sous l'abréviation MCV, s'illustre ce 7 avril au Château Castera, dans le Haut-Médoc. Près du village de Saint-Germain-d'Esteuil et sous une pluie battante, ses interceps étonnent, les uns montés sur les perches d'un enjambeur, les autres sur un châssis interligne attelé à l'arrière d'un tracteur et équipé d'un rouleau hacheur. Dans les deux cas, ils décavaillonnent parfaitement.
Pourtant, la tempête Diego souffle. Pluie et vent compliquent la tâche de la dizaine de constructeurs d'outils de travail du sol qui ont répondu à l'invitation de la chambre d'agriculture de la Gironde. Heureusement, le sol n'est pas encore détrempé. Tracteurs et outils peuvent s'élancer sur ces argiles sableuses et caillouteuses. Rapidement, une machine capte l'attention des vignerons ? une cinquantaine ? qui ont bravé les éléments pour assister à la démonstration. Non seulement parce que personne ne la connaît, mais surtout parce que son travail est quasi impeccable. Connu pour ses pulvérisateurs, MCV « local de l'étape » se lance dans le travail du sol avec une bêche rotative montée sur un axe vertical qui s'efface au passage des ceps.
Malgré le temps exécrable, MCV tient à montrer son châssis interligne avec son rouleau à l'avant et ses toupies interceps. Si ces dernières s'en sortent sans ciller, le rouleau est bien en peine. La terre colle à ses lames. Très vite, le voilà bourré. Tandis qu'à l'arrière, les éléments rotatifs abattent un travail impressionnant. Un tracteur New Holland T4 65V emmène tranquillement le châssis à 4 km/h. Les rangs sont propres, la terre et les cailloux étant retenus par de larges panneaux déflecteurs. Si le résultat est aussi régulier, c'est notamment grâce aux roues à disques stabilisatrices montées en bogie au centre de l'appareil avec lesquelles on règle la profondeur de travail.
« Les interceps fonctionnent grâce à une pompe hydraulique directement branchée à la prise de force (PDF) du tracteur, décrit Christian Belly, qui dirige MCV. De sorte qu'on obtient un outil compact avec très peu de déport. On consomme peu de puissance. Il suffit d'être à 400 tr/min à la PDF et entre 1 200 et 1 400 tr/min moteur. »
Ce châssis permet de travailler des vignes plantées de 1,5 à 2,5 m grâce à son extension hydraulique. Il pèse 850 kg. Pour gagner de la place, le refroidisseur d'huile est positionné sur le dessus. Les toupies sont, elles, pourvues de quatre dents verticales. Elles s'effacent au contact du cep grâce à un palpeur. Selon Christian Belly, il est possible de désherber jusqu'à 6 km/h si le sol est porteur. Le prix tarif est fixé à 22 000 ? avec des outils au choix : brosses, herse, pâles rotatives, etc.
À plus de 450 km du Médoc, un autre constructeur s'illustre le 14 avril à Montady dans l'Hérault : l'italien Alpego, connu pour ses puissantes herses rotatives, qui présente pour la première fois son Agile lors d'une démonstration publique en France.
Il s'agit d'un combiné de bêches rotatives à l'avant suivies de lames interceps. Ce 14 avril, comme tous ses concurrents, il doit travailler une vigne bio plantée à 2,5 m et très enherbée. Les propriétaires de la parcelle, Émilie et Benjamin Faucheron ? connus pour leur chaîne de vidéo sur le web ? ne l'ont pas encore travaillée. Ils ont attendu la démonstration organisée par la chambre d'agriculture et les Cuma de l'Hérault. Si bien que 16 outils de désherbage sont là pour nettoyer leurs rangs bien enherbés. Le sol est sec, il fait 24 °C. Beaucoup s'y cassent les dents, laissant des herbes sur la ligne de souches et au pied des ceps. Pas l'Agile. Les plantes à gros pivots ne lui résistent pas, ni les grosses touffes d'herbe. Seules restent quelques herbes collées aux ceps.
Pour comprendre cette performance, il faut regarder de plus près l'outil attelé à l'arrière d'un Massey Ferguson 3710 F. Alpego est venu avec son modèle en taille M, pour vignes plantées de 2,2 à 2,7 m. À première vue, il paraît imposant et lourd ? il pèse presque une tonne. Mais il se révèle malgré tout assez compact, proche du tracteur et très technique. Il s'agit en effet d'un combiné. À l'avant, des bêches rotatives ameublissent le sol enfouissant toutes les herbes, tandis qu'à l'arrière, des interceps équipés de lames courtes achèvent le travail. Le tout est monté sur un châssis qui bénéficie d'un recentrage et d'une correction automatique d'assiette par contact avec les souches et le sol.
Montées sur un axe horizontal et équipées de lames hélicoïdales, les bêches sont animées par la prise de force du tracteur. Elles travaillent une bande de 25 cm de largeur sur une profondeur d'environ 7 cm ce 14 avril, mais que l'on peut régler entre 3 et 20 cm. Elles passent au plus près des ceps derrière des lames de contact. Sur chaque côté, un capteur déclenche un recentrage de l'outil lorsque ces lames appuient sur un cep. Le réglage de profondeur se fait au niveau des roues arrière.
La lame intercep trident, courte, nettoie bien la ligne des souches. Elle se règle en hauteur et son palpeur en inclinaison. À côté, et dépassant à l'arrière, une longue lame niveleuse assure une profondeur de travail constante. Il s'agit là aussi d'un automatisme.
Le Massey avance à 5 km/h environ, « mais on peut monter à 8 km/h, assure Alexandre Quintard, inspecteur commercial de la marque. L'Agile demande 30 à 60 l/min de débit hydraulique. Dans la version toutes options que nous présentons ici, le prix tarif est de 33 000 ?. Cette année, nous lançons dix machines de démonstration, dont trois en France. La production démarrera en 2023 ».
L'hôte du jour est à moitié conquis. « Le désherbage est très bon, note Benjamin Faucheron. L'outil semble bien fait mais il a l'air aussi très énergivore en hydraulique et très lourd. » Un bon challenge pour les nouveaux tracteurs vignerons que Massey avait présentés quelques jours plus tôt !
La Médocaine de Construction Viticole est une entreprise familiale qui existe depuis 2005 et qui assure la continuité des Ets Belly créés en 1973. Située à Gaillan-en-Médoc, l’entreprise conçoit et construit des appareils de pulvérisation. Elle fabrique aussi des tarières à vigne et des secoueurs de machine à vendanger.