Pour rendre vos sols fertiles, gardez en tête la règle des « 5 M »» indique Rémi Thinard aux viticulteurs réunis ce 18 avril au Château Coupe-roses à La Caunette (Aude) pour discuter d’agroécologie.
« Les sols ont d’abord besoin d’un bon microbiote, ils peuvent contenir 5 tonnes par hectare de champignons et de bactéries » détaille le fondateur de Symbiotik. « Les microorganismes se nourrissent en fractionnant le carbone libéré par les racines des couverts végétaux ou apporté sous forme de fumier, bokashis, BRF ou restes de rameaux ». Rémi Thinard vante les mérites de la litière forestière fermentée (Lifofer), « coûtant au maximum 3€/ha lorsqu’elle est fabriquée maison », du thé de compost oxygéné, du kéfir, ou du petit lait, « également efficace contre l’oïdium de la vigne ».
Au sujet des maladies, le consultant explique aussi que la diversité de microbes va aussi éviter le mildiou. « Si le mildiou tombe sur un sol couvert, naturellement riche en fusarium et autres champignons, il va avoir beaucoup plus de mal à atteindre la vigne que s’il tombe sur un sol nu ».
Il conseille ensuite l’éco-pâturage aux viticulteurs. « En déféquant, les animaux apportent des quantités très importantes de microbes au sol et quand ils broutent leur salive stimule la croissance de l’herbe ».
Deuxième levier à actionner pour redonner de la fertilité aux sols : leur apporter la soixantaine de minéraux dont tous les êtres vivants ont besoin. « Pour cela, vous pouvez vous récupérer de la farine de roche dans les carrières de granit ou de basalte et en épandre 100 kg/ha les premières années de transition » livre Rémi Thinard. Les viticulteurs peuvent rajouter de la cendre de bois à leur compost.
Troisième « M » : la matière organique. « Quand vous en apportez à vos sols, privilégiez la fraîche, recommande Rémi Thinard. Et pour la conserver et la conserver, vous pouvez la faire fermenter ». Le spécialiste de l’agroécologie fait aussi ici la promotion des couverts végétaux temporaires, plus intéressants selon lui que les enherbements permanents car « ils ne feront pas concurrence à la vigne pour l’eau en hiver mais l’alimenteront lorsqu’ils seront détruits au printemps. En infiltrant l’eau, les couverts sont de bons alliés contre le ruissellement ».
Quatrième « M » : les molécules vivantes, qu’elles soient végétales ou animales. « Pour qu’un système fonctionne il doit faire un maximum de photosynthèse. Cela passe par les couverts, que vous ne devez pas hésiter à surdoser et à fertiliser, ou par l’agroforesterie. La mésofaune est indispensable pour les brasser et les décomposer ».


Cinquième « M », « la matière grise », « la manière de penser, très souvent figée ». Rémi Thinard encourage les vignerons à travailler en groupe. « Rester seul est la première cause d’échec d’une transition agroécologique » prévient-il. « Si vous y aller à fond, ces cinq leviers vous permettront de récupérer des sols très détériorés en peu de temps » promet-il à son auditoire.