La Fresque du Climat est un outil simple, rapide et efficace qui remet l’être humain à sa place », résume Bénédicte Bonnet, viticultrice adhérente à la cave coopérative de Buxy, en Saône-et-Loire. Administratrice au sein de sa coop, Bénédicte Bonnet a participé à une Fresque du Climat fin 2022, lors d’une journée organisée à Paris par l’association Vignerons en développement durable qui porte le label Vignerons Engagés.
« Nous étions sept à huit participants et un animateur, précise-t-elle. Nous avions à notre disposition une grande feuille, des crayons de couleur et diverses photos : nature, tempête, nuage, guerre, famine, personnes, etc. L’objectif était de placer ces images sur la feuille selon les liens qui existent entre elles. » On peut par exemple faire un lien entre la photo Agriculture et Déforestation car 80 % de la déforestation est liée à l’agriculture.
Une fois ces photos placées, l’animateur leur a proposé de lire les textes figurant au verso, de relier avec des traits de couleur les photos qui avaient un lien entre elles et de trouver un titre à la fresque ainsi formée. Le groupe de Bénédicte a opté pour le titre « Et maintenant ? ».
« L’animateur nous a ensuite présenté la roue des émotions en demandant à chacun de donner son ressenti, poursuit Bénédicte Bonnet. Certains étaient dépités, désarmés par le constat de la gravité du réchauffement. Personnellement, j’étais surtout motivée à agir. » L’animateur a ensuite questionné chacun sur un engagement professionnel et personnel pour limiter l’impact des activités humaines sur le climat.
La viticultrice a choisi de récupérer l’eau de pluie pour son exploitation et sa maison et d’acheter un vélo-cargo pour limiter ses déplacements en voiture. « J’étais un peu dubitative avant de faire cette fresque, reconnaît Bénédicte. En réalité, c’est un exercice facile. C’est important de réfléchir ensemble. Cela serait bien d’en faire une au sein du conseil d’administration de la coop. »
En Champagne, c’est justement au sein du conseil d’administration de la Maison Palmer & Co que Frédéric Leroy a participé à une fresque il y a déjà un an. Viticulteur sur 3,5 ha à Barbonne-Fayel (Marne) et également céréalier, ce coopérateur était déjà sensible au changement climatique. « Avant la fresque, j’avais lu Le Monde sans fin coécrit par Jean-Marc Jancovici afin d’avoir des éléments de réflexion, précise-t-il. La Fresque nous aide, de manière assez ludique, à intégrer les enjeux climatiques quand on prend des décisions. On constate qu’il y a urgence à agir. »
Frédéric Leroy regrette toutefois que l’agriculture y soit un peu prise pour cible, à la différence de l’industrie. « La Fresque du Climat s’inscrit dans la démarche RSE de la Maison Palmer, poursuit Frédéric Leroy. Elle est attentive à l’impact de son packaging et limite l’usage de coffrets cadeaux. Sur mon exploitation, j’arrête de tirer mon rosé en bouteilles blanches, leur fabrication consommant davantage d’énergie que celle des bouteilles vertes. Je pense qu’il faut qu’un maximum de décideurs participent à cette fresque car le changement ne viendra pas des politiques ! »
Amélie Petit est responsable du développement aux Vignerons en développement durable et fresqueuse. « La Fresque du Climat a été créée par un universitaire français pour vulgariser les conclusions des rapports du Giec. L’objectif est de faire prendre conscience aux participants des mécanismes du changement climatique. Celui qui anime – le fresqueur – fait une rapide présentation du jeu, puis les participants se l’approprient pendant environ trente minutes. Il y a ensuite une heure de débriefing et d’échanges. Tout le monde se prend au jeu. Les participants en sortent souvent chamboulés. Mais cela leur donne vite envie de passer à l’action. Un viticulteur a ainsi décidé de ne plus acheter de matériel neuf. »