u domaine Les Graviers, à Béziers, Jean-Pascal Pelagatti fait partie des nouveaux bénéficiaires de l’assurance récolte. Il a signé son contrat fin janvier pour ses 27 hectares de vigne avec Groupama, son assureur historique, optant pour 20 % de franchise. Sa cotisation s’élève à près de 12 000 €/an.
« Je produis de l’IGP Pays d’Oc et de l’IGP Coteaux de Béziers en rouge, blanc et rosé, explique-t-il. Au total, mon capital assuré est d’environ 160 000 €. Mon exploitation est assez dispersée, avec un secteur gélif de 5 hectares où j’ai perdu environ 25 % de ma récolte l’an dernier. J’hésitais à franchir le pas à cause de notre moyenne olympique un peu basse. Avec les aléas climatiques, les rendements de nos cinq dernières années ont été un peu faibles. Mais, en 2022, j’ai fait une bonne année. Ayant amélioré ma moyenne olympique, j’ai choisi de m’assurer. Quand je vois qu’il n’a pas plu de tout l’hiver, je me dis que j’ai eu raison… Et puis, j’avance le coût de l’assurance, et l’année prochaine, je recevrai près de 8 400 € de subvention. Finalement, cela me coûtera près de 3 600 €, soit 140 €/ha, l’équivalent de deux traitements contre le mildiou et l’oïdium. En cas de coup dur, je suis rassuré. »
Même constat pour Olivier Ringot, directeur opérationnel du Château d’Agel, dans la commune éponyme, dans le Minervois. « En 2017 et 2021, nous avons été victimes de gelées noires, souligne-t-il. En 2021, nous avons ainsi subi quasiment 100 % de pertes sur 60 % de l’exploitation. Notre récolte est passée de 2 000 hl à 700 hl, ce qui a entamé notre chiffre d’affaires d’environ 15 % en 2022, car nous n’avions pas assez de vins pour répondre à la demande. »
Olivier Ringot s’est décidé cette année à assurer ses 36 hectares chez Groupama « face à l’augmentation de la fréquence des aléas climatiques et compte tenu du désengagement de l’État vis-à-vis des non-assurés, pointe-t-il. Cela nous coûte 17 350 € pour un capital assuré de 235 000 €. Grâce aux subventions d’environ 12 000 €, cela revient à un peu plus de 5 000 €. » Avant de conclure : « Quand je vois que la rivière est à sec l’hiver, même si nous n’avons jamais été touchés par la sécheresse, c’est un peu inquiétant… »
De son côté, Marie Perret en a profité pour revoir ses franchises. À la tête du domaine André Perret, à Chavanay, dans la vallée du Rhône, elle est assurée depuis plusieurs années chez Pacifica, filiale du Crédit Agricole. « Auparavant, j’étais assurée avec une franchise de 20 % seulement sur les Condrieu, soit 3,5 hectares sur 8,5. Pour le reste – les vignes en Saint-Joseph et en IGP –, la franchise était de 30 %. Désormais, je suis à 20 % sur la totalité de mes vignes grâce à l’augmentation des subventions, et cela me revient seulement à 500 € de plus. »
Pour le Crédit Agricole et sa filiale Pacifica, pas de doute, le nouveau contrat d’assurance récolte est un succès. Au 11 février, ils enregistraient 16 % de viticulteurs assurés de plus que l’an dernier, alors que la souscription était loin d’être close.
«Chez Pacifica, on m’a demandé de prendre la responsabilité civile pour souscrire à l’assurance récolte», s’étonne Dominique Terrier, propriétaire du domaine Les Grands Crays, à Clessé, dans le Mâconnais. Souhaitant se renseigner pour ses 20ha de vignes, il contacte Pacifica qui l’assure déjà cette année pour la grêle avec une franchise de 30 % pour une cotisation de 8 600€. Réponse de l’assureur : vous devez souscrire une responsabilité civile chez nous pour bénéficier de l’assurance récolte. «J’ai déjà une responsabilité civile chez Axa et Groupama… Je n’en ai pas besoin d’une troisième. Je souscrirai l’année prochaine mais, si les conditions ne changent pas, je m’assurerai ailleurs. »