homas Crestey l’annonçait en fin d’année. « Dans sa version V3, le Mas numérique restera une vitrine des outils numériques commercialisés en viticulture, mais fera en plus office de site d’expérimentation mutualisée ».
Cette ambition est renforcée ce premier mars par l’obtention sur le salon de l’agriculture du label Digifermes. Le domaine du Chapitre rejoint celui de Plumecocq en Champagne, et le V’Innopôle Sud-Ouest dans le réseau de fermes expérimentales qui défendent une vision de l’agriculture connectée. « L’idée du site d’expérimentation mutualisée est venue d’échanges avec nos partenaires, comme Gérard Bertrand, les Grands Domaines du Littoral, Hennessy, ou AdVini, nous expliquant être énormément sollicité par des entreprises pour tester leurs technologies, mais manquant de moyens pour bien évaluer » se rappelle l’animateur du Mas numérique.
A l’instar du banc d’évaluation des pulvérisateurs EvaSprayViti de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), le domaine du Chapitre de Villeneuve-Lès-Maguelone veut devenir le lieu de référence des solutions numériques commerciales ou pré-commerciales.
Quittant l’Institut Agro de Montpellier, et donc le Mas Numérique, Thomas Crestey compte sur Yoann Valloo et Pauline Faure, technicienne viticole arrivée au Chapitre en 2022 pour lancer ce nouveau banc d’essais. « Nous commençons avec les services de cartographies des pieds manquants. Cette donnée est primordiale dans le pilotage des exploitations et assez facile à qualifier, plus que du mildiou par exemple » poursuit Yoann Valloo.
Le Mas numérique a répertorié huit entreprises proposant ce service par capteur embarqué (Agreenculture, Devines), piéton (Aptimiz), drone ou avion (Scanopy, Chouette, Vineview, Cym drones, et In the air). « Les entreprises que nous n’aurions pas repérées sont les bienvenues si elles veulent rejoindre cet essai. Nous ne leur demanderons pas de participation financière, simplement d’accepter le protocole et le partage des résultats à l’ensemble de la filière » insiste Yoann Valloo, mettant en avant le temps qu’elles pourraient gagner dans leur processus de développement en comparant leurs performances au jeu de données acquis par le Mas numérique.
« Notre technicienne a arpenté les 25 hectares et 20 cépages du domaine à l’aide d’un boîtier GNSS RTK Centipède, une technologie très fiable » assure en effet Yoann Valloo. Elle recommencera au printemps dans les 9 hectares concernés par l’expérimentation pour consolider la base de données.
L’essai démarrera en avril. Cinq acquisitions par solution sont prévues jusqu’à fin juin pour évaluer l’influence du stade végétatif sur la capacité à détecter les manquants.


A côté de la technique et de la qualité des livrables, le Mas numérique va aussi évaluer qui fait quoi entre le prestataire et le client, le temps et les compétences requises de la part du client, le débit de chantier, le délai de livraison des résultats, ou le coût de la prestation.
« Le but n’est pas d’établir un classement mais de pouvoir orienter les caves vers la solution qui leur est plus adaptée. Sur les manquants, les attentes ne sont pas les mêmes quand on doit complanter, avec un fort besoin de précision, ou simplement si on souhaite évaluer la valeur foncière de son vignoble » illustre Yoann Valloo.
Les résultats sont attendus à l’automne. Dans le futur, le Mas numérique pense évaluer des solutions d’estimation du rendement, des services d’autoguidage, et des solutions d’évaluation de l’état hydrique de la vigne.