eprenant la formule du neuropsychiatre Boris Cyrulnik définissant la résilience comme "naviguer avec art dans les torrents", Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, salue la ténacité du vignoble bordelais face à l’adversité ce 24 janvier, à l’occasion du treizième forum du développement durable des vins de Bordeaux, au Palais de Congrès (Bordeaux Lac). « Fruit d’une civilisation et d’une culture spécifiques à notre région, la filière viticole bordelaise aurait depuis longtemps disparu si elle n’avait pas sur se montrer résiliente » pointe l’élu écologiste à la tribune, ajoutant qu‘« elle s’est toujours réinventée au gré des difficultés climatiques, sanitaires, économiques, commerciales et réglementaires. Aujourd’hui, le torrent est particulièrement tumultueux. La crise économique et les chocs commerciaux que vous affrontez se combinent avec un dérèglement climatique de plus en plus impactant, percutant. »
Alors que le mal-être vigneron est criant à Bordeaux, « vous avez besoin de soutien et de solidarité » déclare Pierre Hurmic, qui affirme « la grande attention et la solidarité de la ville de Bordeaux » (passant par un vœu de soutien voté par le conseil municipal, voir encadré). Tissant un parallèle entre commune et vignoble de Bordeaux, l’élu souligne : « nous sommes tous face à une même réalité : le monde change, et nous amène à questionner nos pratiques, à revoir nos modèles économiques, sociaux, ruraux comme urbains. » Défendant une stratégie en trois dimensions de sa ville, Pierre Hurmic applique au vin cette vision 3D : durable, désirable, décarbonée.
« Une viticulture durable : votre défi c’est de pérenniser plus qu’une filière, un produit culturel et civilisationnel. Aujourd’hui le changement climatique le met à l’épreuve : il faut le sauvegarder » indique le maire. « Un vin désirable, c’est une évidence. Les goûts des jeunes générations, leurs exigences gustatives se doublent d’exigences environnementales. Ces nouveaux consommateurs nous demandent des comptes : comment ce vin a-t-il été produit, fabriqué, sur quelles terres, comment a-t-il été nourri, amendé, traité… Répondons à ces questions sans peur, racontons leur l’histoire d’une viticulture bordelaise responsable et soucieuse du devenir de son terroir, de ses enfants et de la planète qui l’héberge » détaille Pierre Hurmic. Enfin, « des pratiques culturales pour une viticulture décarbonée : voilà un impératif que nous pouvons respecter » conclut le maire, qui souhaite au vignoble de tenir le cap pour poursuivre son « histoire commune qui rejoint celle de Bordeaux ».
« Considérant les places respectives occupées par le vin à Bordeaux, et celle de Bordeaux au sein de la filière viti-vinicole en France, et dans le monde ;
Considérant la renommée que la Ville de Bordeaux doit à son terroir viticole, à la richesse de ses appellations, à l’engagement de ses viticulteurs pour produire un vin aux qualités œnologiques mondialement reconnues ;
Considérant l’apport du vin et des eaux de vie à la culture et à l’économie françaises ;
Considérant la grave crise que traverse le vignoble bordelais, due notamment à la surproduction de vin dans notre région au regard de l’évolution de la demande (baisse de la consommation de vin et transformation des habitudes de consommation), mais aussi à un contexte de production et de vente rendu plus difficile depuis quelques années (conséquences de la pandémie, politique commerciale des Etats-Unis…) ;
Considérant l’engagement de la filière dans l’évolution de ses pratiques (développement des engagements RSE, de la production de vins bios - premier département en surface de vignes bios de France) et dans la valorisation de la transformation de son offre (adaptation des vins aux attentes des consommateurs, diversification des productions, engagement dans l’innovation, …) ;
Considérant que toute évolution de la filière devra assurer le respect des réglementations en vigueur, à savoir l’Objectif national de zéro artificialisation nette et la Stratégie nationale biodiversité 2030 tout en favorisant la diversification des cultures et l’agroécologie dans le devenir des parcelles ;
Considérant la profonde inquiétude, unanimement ressentie dans la filière comme en témoigne la manifestation du 6 décembre dernier à Bordeaux ;
En conséquence, les élu(e)s du Conseil Municipal de Bordeaux adressent leur entier soutien à la filière viti-vinicole bordelaise et demandent au CIVB, au Département de la Gironde, à la Région Nouvelle-Aquitaine, à l’État et à l’Union Européenne, chacun dans les compétences qui leur sont propres, de :
· Faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à la catastrophe économique qui s’amplifie de jour en jour dans le terroir Bordelais ;
· Mettre en place, aussi rapidement que possible, un mécanisme simple et efficace d’arrachage primé volontaire correspondant à une surface comprise entre 10 000 et 15 000 hectares. En privilégiant les viticulteurs qui veulent partir à la retraite, qui ne trouvent pas de repreneur et ne sont plus en mesure d’entretenir leur vigne faute de débouchés et le foncier qui pourra être libéré pour soutenir les enjeux de souveraineté alimentaire de notre territoire. »