près trois semaines d’essais, les vignerons de Tavel et Lirac ont des avis très tranchés sur l’exosquelette Hapo commercialisé par Ergosanté. « Je ne l’ai mis que deux heures. Ses tiges me faisaient mal aux seins et elles m’étranglaient en remontant ma veste lorsque je me baissais sur mes vignes en gobelet » lance Myriam, heureuse de rendre son harnais aux conseillers en prévention de la MSA du Languedoc ce 27 janvier dans les locaux de la coopérative.
Salarié d’un adhérent, Benjamin n’a pas aimé non plus. « L’exosquelette me gênait dans beaucoup de mouvements, surtout quand je devais ramasser des sarments ».
Son collègue Jean-Pierre l’aurait en revanche bien gardé plus longtemps. « Il a redéplacé mes efforts du tronc vers les cuisses et m’a obligé à bien plier les genoux. Je me suis moins courbé et je n’ai pas souffert de ma sciatique. Avec l’Hapo, je pense que j’aurais pu travailler une demi-heure de plus par jour, surtout sur les vignes palissées. »
Bastien a également apprécié le maintien offert par le modèle lors de la taille de ses syrahs en cordon haut. « En revanche, j’ai trouvé qu’il était trop long à enfiler et à régler. Et il n’est pas adapté à la conduite. Je ne l’ai pas mis tout le temps car je fais beaucoup d’allers-retours entre mes vignes, mon tracteur et ma voiture pour aller récupérer mes enfants ».
Plusieurs vignerons ont eu du mal à attacher la batterie de leur sécateur au harnais. « Ça ne tenait pas bien. Et j’imagine que le harnais de l’exosquelette est incompatible avec un gilet porte-batterie » reprend Benjamin.


Jean-Noël a trouvé la solution en mettant l’exosquelette sous sa veste et le harnais de son sécateur 3020 par-dessus. « Ce n’était pas du tout encombrant » assure-t-il. Le viticulteur a adoré son essai. « Le problème, c’est que j’en ai cassé deux. A chaque fois, le plastique soudé à la tige a cédé. C’est dommage pour un modèle à 1 000€ ».
A la cave de Tavel, une dizaine d’adhérents participent au projet de la MSA du Languedoc intitulé "Acceptabilité du port d'un exosquelette passif pendant la taille de la vigne".
« Nous travaillons aussi avec des viticulteurs de l’Hérault, des femmes et des hommes de 18 à 65 ans. Après visite médicale, nous avons retenu 35 participants sur 45 volontaires » explique le conseiller en prévention Eric Argiolas, présent avec deux collègues pour recueillir l’impression des viticulteurs et leur remettre le modèle Liftsuit d’Auxivo. « Ils vont le garder trois semaines, comme l’Hapo. A la fin de l’essai, ils rempliront un nouveau questionnaire de satisfaction et repartiront avec l’Exoviti d’RB3D ».
Mi-mars, les viticulteurs devront choisir le modèle qui leur correspond le mieux. « Il sera à eux. Et nous les suivrons pendant deux campagnes de taille » poursuit Eric Argiolas.
Epaulés par des médecins et des infirmiers, les conseillers dévoileront au second semestre 2023 de premiers résultats sur l’utilité des exosquelettes dans la réduction des troubles musculosquelettiques (TMS) basés sur le ressenti des viticulteurs. Ils prévoient également une conférence sur le prochain salon Sitevi à Montpellier.