e public a beau adorer le cinéma mafieux, la réalité sur le terrain est bien moins glamour pour les agriculteurs en Sicile et dans le Sud de la péninsule italienne. La semaine dernière, l’opération « Condor » menée par les enquêteurs d’Agrigente et différents organismes de lutte contre le crime organisé a permis d’arrêter une dizaine de personnes suspectées d’être impliquées dans des transactions illicites sur des raisins.
D’après la presse locale, le réseau aurait prélevé un centime par kilo de raisin transporté, à travers une unité de pesage à Camastra dans la province d’Agrigente. L’organisme de défense des consommateurs Codacons Sicilia et l’association anti-mafieuse « Citoyens sans peur contre toutes les mafias » ont dénoncé la mainmise de la mafia sur la vente de raisins depuis des années, estimant que cette activité criminelle a porté atteinte à la fois aux viticulteurs et aux consommateurs, obligés de payer des prix plus élevés sans le savoir.
« Les raisins sont sous-payés aux agriculteurs à des niveaux qui ne couvrent même pas les coûts de production », s’insurge pour sa part le syndicat agricole Coldiretti. « Malgré cela, l'infiltration de la pègre fait tripler le prix du raisin…étouffant les entrepreneurs honnêtes et détruisant la concurrence et le marché libre ».
La Coldiretti estime que Cosa Nostra a profité de la crise entraînée par la pandémie et le conflit ukrainien et mis en danger la santé des consommateurs à cause de sa mainmise sur de larges pans du secteur agroalimentaire.
Citant son implication dans des vols d'équipements et de moyens agricoles, de racket, d'extorsion, de dommages aux cultures, de fraudes contre l'Union européenne et même le contrôle de chaînes entières de supermarchés et de restaurants, la Coldiretti affirme que cette activité criminelle rapporteraient plus de 24,5 milliards d’euros selon les chiffres de l’observatoire Agromafie.