Les retours des assurés sont toujours les mêmes, témoigne Charles Maury, fondateur et directeur de CLImate-INSurance, société spécialisée en assurances paramétriques. Ils apprécient l’assurance paramétrique parce qu’elle est sans franchise, sans moyenne olympique ni expertise, et que le remboursement est rapide en cas de sinistre. »
Encore peu développée en viticulture, ce type d’assurance gagne du terrain dans le secteur. Ses points forts sont sa simplicité et sa lisibilité. Le vigneron choisit les parcelles et le capital qu’il souhaite assurer. Il est assuré selon des paramètres fixés à l’avance et mesurés par des outils précisés dans le contrat. Il s’agit, pour le gel, de stations météorologiques homologuées qui peuvent être implantées dans les vignes de l’assuré, dans une parcelle voisine ou appartenir à Météo France. Il suffit que la température descende en dessous du seuil fixé dans le contrat, pendant une période elle aussi fixée – par exemple - 3 °C en avril –, pour que l’assuré soit indemnisé. Aucun expert ne vient constater les dégâts. Dans le cas de la grêle, les assurances ont recours à des capteurs de grêle. Bien sûr, le montant de leurs contrats tient compte de l'éventuelle récurrence des épisodes de gel ou de grêle.
À Cognac, l’assureur Atekka, filiale d’InVivo, et le groupe coopératif Océalia se sont associés à la société américaine Understory pour faire une offre. « Pour le gel, nous avons installé seize stations connectées qui mesurent la température des feuilles de vigne au cœur du vignoble », précise Laurent Marbotte, directeur commercial d’Atekka.
Proposée depuis cette année, cette assurance a déjà servi avec un gel allant de - 4 °C à - 6 °C début avril 2022, et un épisode de grêle en juin. À Cognac, un vigneron a assuré 9,80 ha, sans franchise contre le gel et avec 10 % de franchise contre la grêle, pour un coût de 9 290 €. Le capital assuré s’élevait à 97 976 €. Il a touché 19 066 € pour le gel du 4 avril, et 33 984 € pour la grêle du 20 juin.
« L’assurance paramétrique apporte des solutions complémentaires aux vignerons, poursuit Laurent Marbotte. Le bémol est qu’elle n’est pas subventionnée. Elle peut être prise avec l’assurance climatique classique qui couvre les pertes au-delà de la franchise de 20 à 25 %. Dans ce cas, l’assurance paramétrique peut couvrir les pertes de 0 à 20 % ou 25 %. »
Bernard Finas, président et fondateur du cabinet de courtage en assurances Jola, met en parallèle les deux types d’assurances. « Je ne cherche pas à les mettre en concurrence, précise-t-il. Comme elle est subventionnée, l’assurance multirisque climatique est imbattable sur le plan tarifaire. L’assurance paramétrique peut venir en complément, afin d'assurer la franchise ou la différence entre le prix de vente réel et celui figurant au barème auquel se réfère l’assurance. C’est du cas par cas. L’assurance paramétrique peut, par exemple, répondre à un besoin pendant deux ans si la moyenne olympique est jugée trop basse par l’assuré, et ne plus être pertinente après deux belles récoltes. »
Les clients de Charles Maury ne cumulent pas les deux types d’assurance : « Ils estiment que l’assurance traditionnelle n’est pas une solution pour eux. Certes, l’assurance paramétrique n’est pas subventionnée, mais ils préfèrent payer pour un contrat qui les protège vraiment ».
Charles Maury propose également une assurance pour carence d’apports aux caves coopératives. « Les coopératives de la Vallée du Rhône, touchées plusieurs années de suite par des petites récoltes, commencent à s’y intéresser, témoigne-t-il. Souvent, elles assurent un capital qui leur permet de couvrir leurs charges fixes. » Tous ces assureurs rappellent que la réalisation de ces contrats sur mesure prend du temps, et qu’il ne faut pas attendre fin février pour prendre contact avec eux !