igure du vignoble languedocien, le vigneron audois Frédéric Rouanet est convoqué pour injures publiques ce vendredi 18 novembre par la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, la chambre de la presse. Il y comparaîtra pour des propos publiés le 4 juin 2020 dans un communiqué de presse du Syndicat des Vignerons de l’Aude qu’il préside et qui est attaqué par France Nature Environnement (FNE), avec comme parties civiles la Confédération Paysanne et l'association Ecologie du Carcassonnais des Corbières et du Littoral Audois (ECCLA).
Intitulé « comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre », ce communiqué retrace les étapes de la difficile demande de traitement dérogatoire des vignes par les airs pendant ce printemps pluvieux, en indiquant que « tout vigneron qui fera appel aux hélicoptères sera crucifié en place publique. Voilà donc que les écolos nous la jouent régime de Vichy. Voilà que Maryse Arditi, Présidente de l'association ECCLA, fait l’apologie de la délation : "Soyez vigilant. Si vous voyez un hélico déverser des produits, prenez des photos de l’hélico, du nuage, mais aussi de l’état du sol et alertez- nous. Nous envisageons d’attaquer cet arrêté au fond pour qu’il ne crée pas un antécédent pour les années à venir." Comme en 40 ! Les collabos sont de retour, à la solde de la nazi-écologie ! Mais ne vous y trompez pas ! La stratégie populiste de ces antitout - FNE en tête, suivie par les petits soldats de la Conf’ - n’a qu'un seul but : faire crever l’Agriculture française ! »
Assumant la validation de ce communiqué avant envoi, Frédéric Rouanet prend ses responsabilités : « certes ces propos sont un peu forts, mais honnêtement nous avions passé quatre jours au téléphone, sans dormir, auprès de trois ministères différents pour obtenir la dérogation. Et on se prend le coup d'un appel à prendre des photos, il y en avait marre » explique Frédéric Rouanet à Vitisphere. Ajoutant que la signature de la décision étant arrivée 4 jours après l'annonce, les traitements avaient été faits avec des chenillards, sans l'intervention d'hélicoptères.
« Des termes forts, certes, mais qui s'expliquent » confirme le Syndicat des Vignerons de l’Aude dans un communiqué ce 25 octobre, citant « le droit de traiter les vignes par voie aérienne alors que celles-ci étaient inondées par plus d’un mètre d’eau » et « le contexte lié à une succession de crises climatiques et économiques, qui ont laissés les trésoreries des exploitants exsangues ». Dénonçant « les attaques incessantes de ces pseudos écologistes et les poursuites engagées contre nos dirigeants syndicaux », le syndicat ajoute que Frédéric Rouanet est poursuivi « pour avoir osé dénoncer vivement les appels à la délation lancés par des associations environnementales. Une accusation ridicule, et un déplacement à Paris qui va malheureusement engendrer de la pollution, que ces associations sont censées combattre. »


Dans le communiqué conjoint du 16 juin 2020, l'association Ecologie du Carcassonnais des Corbières et du Littoral Audois (ECCLA), de la Confédération Paysanne et de France Nature Environnement (FNE) dénoncent « une rhétorique guerrière, accumulant les procès d'intention, les caricatures et les insultes publiques », ajoutant que « ni le retour des traitements par hélicoptère, ni la recherche de boucs émissaires, ni la violence verbale, n'aideront la viticulture à faire face aux pressions qu'elle subit. » Évoquant « l'insulte de trop », les signataires estiment qu’« il faut être aveugle pour confondre le droit à l'information des riverains, ou nos activités de lanceurs d'alerte, avec la collaboration sous le régime nazi. Ce type de propos désignant nommément une personne qui, de notoriété publique, a vécu la chasse aux juifs pendant la guerre, et dont le père est mort en déportation, ne peut être accepté et doit être puni fermement. C'est pourquoi une plainte a été déposée afin qu'une enquête soit menée et que le ou les responsable(s) de ces propos soi(en)t identifié(s) et mis en examen. »