’année 2022 s’annonçait catastrophique : début avril, le gel frappait notamment la partie ouest de l’AOC Cahors, puis fin juin c’était un orage de grêle qui touchait 1 300 hectares. Rebelote en septembre. Entre temps, la sècheresse a sévi. Pas une goutte de pluie. Les plus fortes craintes concernant le rendement et la qualité étaient au paroxysme. Finalement dans l’AOC Cahors, on respire : « C’est une année surprise. La qualité du millésime est là. On s’en sort bien » répète Nicolas Fournié, le tout neuf président du syndicat de défense du vin AOC Cahors. Les merlots ont été ramassé vers le 6 septembre dernier pour les vignobles touchés par la grêle. Puis le 12 septembre, marquait le top des vendanges pour les merlots non impactés. Ont suivi les Malbec.
A l’arrivée, c’est la surprise : le millésime est « surprenant » pour Nicolas Fournié : « Qualitativement, il y a de la matière, le millésime est très bon. Contre toute attente, les degrés ne sont pas trop élevés, autour de 13 °. En fait, on se rend compte que les vieilles vignes ont bien résisté, elles ont encaissé les aléas climatiques. Le malbec a bien résisté à la sécheresse » estime-t-il. Coté rendement, là aussi on respire. On peut estimer en moyenne 40 à 45 hectos /hectare pour l’AOC Cahors, contre 50 hectos/hectare habituellement, hors aléas climatiques. « Mais après ses dix dernières années où la moyenne se situait entre 35 à 40 hectos/hectare, à cause des accidents climatiques, on ne s’en sort pas trop mal » rappelle-t-il.


A Carnac Rouffiac, Mathieu Molinié, à la tête de la Croix des Vignes, 25 ha, certifié bio depuis deux ans, se dit « rassuré » : « On avait une crainte en termes de qualité et de rendement. Au final, je ne suis pas mécontent » lâche-t-il. Coté qualité, rien à redire, ce sera un beau millésime, avec une gamme de rouges, (98 % de sa production) sur le fruit jusqu’aux assemblages complexes. Coté rendement, il faut se contenter de 40 hectolitres/hectare. Une perte liée à la sècheresse de cet été qu’il relativise. L’an dernier, frappé par le gel, le viticulteur avait été privé de 50 % de sa récolte. Le rendement avait plafonné à 22 hl/ha.
Mathieu Molinié écoule 50% de ses vins en vrac et l’autre moitié en bouteilles. « Le marché du vrac en Bio est encore confidentiel pour Cahors. Il n’y a pas de tension offre/demande. Nous sommes dans l’équilibre » indique-t-il. La part bouteille représente 50 000 cols largement coulée à l’export. En France, c’est le marché traditionnel (CHR, cavistes) qui absorbe ses vins. « Depuis quelques semaines, on sent un ralentissement » note-t-il.