ans sa cuverie de Boult-aux-Bois, dans les Ardennes, Sylvain Chen exerce depuis 2017 le métier négociant-vinificateur, achetant principalement du raisin d’Alsace.
Pour faire revivre le vignoble de sa région, dont les 2 000 hectares ont été abandonnés après le passage du phylloxera, le jeune homme a planté 70 ares de vignes l’an passé et obtenu 1,20 hectare de droits de plantation.
« Dans son passé, l’Argonne Ardennaise était reconnue pour ses terres viticoles. La majorité du vignoble était située sur un sous-sol unique en France, la gaize, une roche sédimentaire d’origine organique comme la craie, mais formée dans un contexte de mer chaude et peu profonde amenant une prolifération d’éponges, la rendant siliceuse, acide, très riche en fer et pauvre en calcaire ». Le territoire de l’ancien vignoble comportait en plus une partie sur sols calcaires et une autre sur sols crayeux.
Sylvain Chen a convaincu une dizaine de personnes de le suivre dans son projet. « Nous nous sommes regroupés au sein de l’association "Les amis du vignoble de l'Argonne Ardennaise" et 7 ont déjà obtenu des droits pour un total de 7 ha, se réjouit-il. Les deux tiers sont déjà agriculteurs et souhaitent se diversifier, d’autres sont tout simplement amateurs de vins. Je serai leur consultant ».
Pour l’heure, le néo-vigneron a décidé de planter des pinots, et des cépages résistants, le muscaris, le souvignier gris, le vidoc, et le cabernet cortis. D’autres planteront du muscat, gamay, ou de l’aligoté. « Nous misons sur des cépages précoces. En Argonne Ardennaise, nous jouxtons le vignoble de Champagne. Nous avons juste un peu moins de soleil et plus de pluie que dans la Marne, nous sommes à la frontière entre un climat océanique et continental » détaille-t-il.
Sylvain Chen s’est par ailleurs penché sur de nombreuses archives et a lancé un appel aux habitants possédant des vignes dans leurs jardins pour tenter d’identifier d’autres cépages déjà cultivés par le passé. Pour l’heure, ses démarches n’ont pas été couronnées de succès. « Nous n’avons retrouvé que deux pieds génétiquement hybrides que nous ne pourrons pas exploiter ».
Pour mieux mettre en valeur leur terroir, les nouveaux vignerons aimeraient enfin obtenir une Indication Géographique Protégée (IGP). Ce ne sera pas chose aisée.