près la bouillie bordelaise, le bouillon bordelais ? Du moins si la microalgue marine Amphidinium carterae confirme son potentiel de solution de biocontrôle contre le mildiou de la vigne. À date, la microalgue marine sélectionnée par la start-up Immunrise Biocontrol à Cestas (Gironde) continue ses essais dans le vignoble et espère être mise en marché en 2026. C’est l’objectif affirmé par Laurent de Crasto, le PDG cofondateur d’Immunrise, qui précise que cela dépendra des délais de traitement du dossier d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Avant la crise covid, la start-up visait en 2019 une commercialisation en 2022 (avec une dérogation qui n’a pas été obtenue). Pour obtenir son homologation et monter des lignes de production industrielle, Immunrise Biocontrol vient de lever 5 millions d’euros auprès du groupe Baron Philippe de Rothschild (BPhR) et la Holding Cuisset Pairaud (HCP) qui ont renforcé leurs participations, tandis que le fournisseur de biocontrôles De Sangosse, « leader international du secteur biocontrôle basé en Région Nouvelle Aquitaine » selon un communiqué, vient de rentrer au capital de la start-up.
Avec ces fonds, l’objectif d’Immunrise est se préparer à de premières productions de son produit de biocontrôle : « au début 10 tonnes, rapidement 50 puis 100 t » indique Laurent de Crasto, qui indique que les doses foliaires sur vignes oscilleraient entre 200 et 600 g/ha. Tant qu’il n’y a pas de mode de production arrêté pour les microalgues (des tests sont en cours), il n’est pas possible d’indiquer de prix de vente indique le PDG, précisant qu’il « vise la fourchette [tarifaire] des traitements actuels, biocontrôles ou chimiques ».
Depuis ses premiers tests en laboratoire de 2016 et dans le vignoble en 2017, les tests d’application foliaire de l’antimildiou se sont déployés dans le vignoble. Avec une douzaine d’essais en 2022 (à Bordeaux, à Cognac, en Champagne, en Bourgogne et en Languedoc), Immunrise prévoit désormais des essais dans différents pays européens dès l’an prochain (pour étoffer sa demande d’AMM). En termes de résultats, Immunrise indique alterner entre les extrêmes : des années à faible pression mildiou (comme 2022) et à très forte pression (comme 2021, où l’application de 100 % d’Immunrise a sauvé la moitié de la récolte). Pour ce dernier cas, Laurent de Crasto explique que la microalgue est « un produit de contact, lessivé facilement par les pluies. C’est le même problème que le cuivre. » L’ingénieur agronome ajoute qu’Immunrise est plutôt un produit préventif, un potentiel effet curatif devant être précisé.
À noter qu’Immunrise va monter des dossiers de demande d’AMM concernant les semences, potagères et grandes cultures. Des essais ont été lancés en 2018, avec des « résultats plutôt bons », « dans un contexte où de plus en plus de produits chimiques sont interdits en Europe. Comme pour la vigne » indique Laurent de Crasto, pointant l’intérêt d’un marché demandant peu de quantité. D’après les estimations, 350 tonnes de microalgues suffiraient à traiter 100 % du marché blé et orge en France.