’apocalypse de chaleur annoncée ce lundi 18 juillet par Météo France a bien eu lieu dans le vignoble. Les 75 vignerons de toute la France ayant répondu intégralement au dernier sondage de Vitisphere rapportent 39,8 °C comme étant température la plus haute constatée en moyenne sur leurs vignes. Les sondés allant des 35,6°C mesurés par un vigneron de Cognac aux 46°C rapportés par un viticulteur de la Vallée du Rhône, le coup de chaud de ce mois de juillet va marquer les annales viticoles. Pour plus de la moitié des sondés, il s’agit d’une température inhabituelle pour mi-juillet, tandis qu’un quart fait état de températures records. Concernant les effets de ce coup de chaud sur les vendanges, moins de la moitié pensent qu’il y aura une baisse des rendements. Ils sont autant à afficher leur prudence, estimant qu’il est trop tôt pour dire ce qu’il en sera, comme cela dépend des conditions climatiques des prochaines semaines (notamment les températures).
Alors que le stress thermique devient hydrique, « c’est l’absence de pluie pendant plusieurs semaines qui inquiète les producteurs » témoigne Mathieu Vigneau, chef de culture en appellation Margaux, qui subit le deuxième épisode caniculaire du millésime 2022 (après celui de la mi-juin), qui note que « le premier épisode avait déjà occasionné un enroulement des feuilles sur des jeunes vignes (inférieure à 5 ans). Pour le deuxième épisode, nous constatons à l’heure actuelle un jaunissement, un enroulement puis un dessèchement des feuilles de 5 à 25 % sur la partie exposée au Sud. » Si les baies restent protégées par le feuillage, l’absence de pluie des prochains jours et le début de blocage des maturations inquiètent à Bordeaux. Et ailleurs. « Pauvres viticulteurs du midi » témoigne un vigneron languedocien (ayant enregistré 40°C) : « pas de pluie depuis le 25 avril et une année caniculaire ».
Face à la rapidité du changement climatique, « nous essayons tant bien que mal de nous adapter » témoigne un vigneron languedocien, qui « essaie de faire des couverts végétaux et ne plus labourer, de ne pratiquement plus écimer, d’investir dans du goutte-à-goutte, de tailler tard pour le gel, etc... Mais malgré tout ça, nous avons du mal à faire des récoltes homogènes. Et un an sur deux, c’est une catastrophe qui nous tombe dessus. » Pessimiste, un vigneron du Roussillon prévoit un « avenir sombre pour la viticulture en Roussillon. Avant on avait 5 jours de canicule, là on va enchaîner sur 3 semaines. De plus, les vendanges commencent mi-août, ce qui implique de refroidir la vendange : donc beaucoup d’énergie et de frigories. »
L’irrigation est également devenue d’actualité. Un vigneron du Pic Saint-Loup se souvient avoir proposé la création de retenues collinaires dans les années 1980 : « on m’a pris pour un fada [me répondant que] la vigne n’a pas besoin d’eau. Aujourd’hui, il faudrait faire des retenues partout, on a perdu 40 ans et surtout on n’aura plus les moyens » et de pointer « nul n’est prophète dans son pays, même au pays de Manon des Sources ». D’autres vignerons relativisent l’impact de ce phénomène climatique. Comme un producteur bordelais notant que « le millésime 1949 avait connu des chaleurs similaires mais sur une plus longue période, et ce fut l’un des meilleurs millésimes en bordeaux du 20ème siècle. Pareil pour 1893 ou les chaleurs étaient plus importantes sur la durée. » Réponse aux vendanges.
Parmi les photos reçues, un aperçu d'échaudage sur des baies en Champagne.
Ici en Vallée-du-Rhône.