Sur l’île de Ré, l’indice de fréquence de traitement (IFT) atteint par endroits des sommets ». L’article mis en ligne par Sud Ouest au lendemain de la publication par Solagro d’une carte de l’utilisation des produits phytosanitaires commune par commune a choqué Jérôme Poulard et les 67 adhérents de la coopérative des vignerons et des maraîchers de l’île de Ré.
« Un tel article, sans aucune contradiction ni vérification de la méthodologie employée, nous fait énormément de mal, regrette le responsable technique d’Uniré, Malgré tous les efforts qu’ils font depuis plusieurs années pour préserver l’environnement et le faire savoir aux habitants, nos producteurs sont à nouveau pris à partie dans les vignes et traités de pollueurs ».
Pour Jérôme Poulard, la carte de Solagro n’est pas fidèle à la réalité. « En 2021, l’IFT moyen pour la région Cognac en viticulture est de 16,8, alors que l’IFT moyen pondéré par surface d’Uniré pour la viticulture est de 7,37 » rectifie-t-il. Même biais pour la pomme de terre, dont l’IFT moyen en France était de 18,27 en 2019, alors que celui des maraîchers Uniré était de 4,21. « L’an passé nous sommes même descendus à 3,05 ».
Jérôme Poulard dénonce aussi l’échelle de couleurs retenue par Solagro. « On a neuf tranches du blanc à l’orange en passant par le vert pour un IFT compris entre 0 et 5. Au-delà, il ne reste que deux options, rouge foncé pour un IFT inférieur à 10, et noir au-delà. Au sud de l’île, où l’agriculture est largement dominée par la vigne, on est forcément au rouge ».
Avec un IFT calculé à 13,06, Sainte-Marie de Ré apparaît ainsi en rouge foncé sur la carte Solagro. « En réalité sur la moyenne des IFT des 14 exploitations viticoles de la commune on aboutit à un ratio de 8,08 » relativise le responsable technique, qui dénonce un autre biais dans la méthodologie de Solagro.
Le calcul de l’IFT communal est basé sur les surfaces agricoles utiles (SAU) de chaque commune calculées à partir du registre parcellaire graphique (RPG), la base de données géographiques servant de référence à l’instruction des aides de la politique agricole commune (PAC). « Or les parcelles en vignes et maraîchage ou pépinières ne sont pas nécessairement déclarées à la PAC ».
Pour Jérôme Poulard, les 1538 hectares cultivés sur Ré sont largement sous-estimés. « Cela grossit l’IFT communal, obtenu multipliant la surface de culture par l’IFT de référence régionale et en le divisant par la SAU ».
Uniré a demandé à Solagro d’amender sa carte en mettant en avant les efforts réalisés par les producteurs de l’île. « Quand un utilisation zoomera et cliquera sur Ré, il aura accès au détail de nos pratiques ».
Depuis 3 ans, la coopérative a abandonné les produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). 40% de ses exploitants sont labellisés HVE, avec la certification environnementale Cognac, imposant en plus l’utilisation de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs, et investi dans plusieurs aires de lavage.
« Nous sommes à 100 % de confusion sexuelle depuis 2015, nous utilisons des produits de biocontrôle pour lutter contre le botrytis, des terpènes d’agrume ou des produits à base de kaolin contre la cicadelle verte, nous avons posé plusieurs stations météo pour moduler au mieux les traitements, et nous gardons des témoins non traités pour aider les rédacteurs du bulletin de santé du végétal (BSV). Nous ne méritions vraiment pas ce buzz médiatique » insiste Jérôme Poulard.