’incendie d’Opoul-Salses, démarré le 28 juin et qui a détruit 1 100 hectares dans les Pyrénées-Orientales, n’a été officiellement déclaré éteint que le dimanche 3 juillet. Le feu, ou les feux, serait-il plus juste de dire, se sont approchés de très près du vignobles. « Il y a en fait eu 8 départs de feux dans la même journée, dont un chez nous à Cases-de-Pène », explique Jean-Christophe Bourquin, président de château de Pena, la cave coopérative basée à Cases-de-Pène, « ce qui a disséminé les interventions des pompiers, et la tramontane assez forte aidant, il y a eu des dégâts dans différentes zones du vignoble ». Chez lui, la première évaluation a constaté une soixantaine d’ares bien brûlés, sur une parcelle de 8 ha de syrah.
« On ne s’explique pas trop ce départ, qui ressemble fort à un acte de malveillance, mais au-delà des quelques rangs de bordure de parcelles qui ont subi les dégâts de la chaleur et des flammes, tout le réseau d’alimentation du système de goutte-à-goutte a fondu », explique Jean-Christophe Bourquin. Les parties suspendues du goutte-à-goutte ont fondu sous l’effet de la chaleur emmenée par la tramontane, ainsi qu’une partie enterrée pour laquelle le vigneron a déjà commencé à recreuser pour reconstituer son réseau.
Brice Cassagnes, président de la cave Arnaud de Villeneuve, à Rivesaltes, précise que c’est justement autour du village de Rivesaltes qu’un des premiers départs de feu a eu lieu. « Le feu a rapidement menacé le village, mobilisant beaucoup de moyens de la part des pompiers. C’est alors que le départ d’Opoul a eu lieu, un peu plus haut dans les terres, et les pompiers ont n’ont pas pu tout de suite être à la manœuvre là-haut », relate Brice Cassagnes, qui ajoute que dans son secteur, les vignes ont également fait pare-feu et n’ont été touchées que de manière inégale sur les bordures.
A Opoul, le départ d’incendie a bénéficié de conditions favorables dans une zone fournie en friches viticoles. « C’est une zone où le vignoble a considérablement réduit ces dernières années, laissant ces friches derrière, redoutables lorsqu’il y a des incendies. Heureusement, le grand plateau où sont concentrées les vignes en production sous le village d’Opoul n’a pas été trop touché », apprécie le président d’Arnaud de Villeneuve, dont certains adhérents sont installés dans le secteur. Pendant plus d’une journée, le village a été coupé du monde, l’incendie mettant à mal routes et réseaux de communication.


Ludovic Porteils, viticulteur à Opoul et adjoint à la mairie a vu des champs d’oliviers et des friches bien brûlés, « mais seules deux parcelles de vignes ont connu des dégâts spectaculaires », explique-t-il. Si elles ont autant brûlé, « c’est parce que ce sont deux parcelles de très vieilles vignes d’un carignan centenaire et un grenache blanc de 70 ans », explique Cyril Lambert, qui exploite le petit domaine In Nomine, un peu plus de 5 ha de vignes à Opoul. « Il restait un peu d’enherbement mais ce n’est pas ce qui a brûlé. Il y a des parties de vieux bois dévitalisé sur ces vieux ceps, j’ai donc 50% de pieds totalement consumés dans certains endroits. Je ne pourrai pas récolter un tiers de ma surface, sans compter la perte de fonds de tous ces pieds calcinés », déplore-t-il.
De Cases-de-Pène à Salses en passant par Rivesaltes, ce sont des bordures de vignes qui ont subi les brûlures. Compte tenu du niveau de maturité, Jean-Christophe Bourquin n’est pas inquiet d’éventuels problèmes de goûts de fumée. La maison des vignerons (qui regroupe les différentes ODG Roussillonnaises) a demandé aux vignerons de déclarer leurs éventuels dégâts, alors que la Chambre d’Agriculture fera la constatation au gré des tournées de ses techniciens. « On ne peut pas encore évaluer les dommages liés aux fortes températures, nous ne le verrons qu’après un peu plus de temps », souffle Cyril Lambert qui pourra faire un point exhaustif des dégâts après le passage de l’expert.
Chez Cyril Lambert, les très vieilles vignes n'ont pas résisté aux flammes - Cyril Lambert