n croit en avoir fait le tour. Mais non. Ce mardi 28 juin, le mini salon Vi-Tic met à l’honneur les solutions numériques et les objets connectés parfois méconnus pour la culture de la vigne, la production de vin et sa commercialisation. A l’initiative du Digilab et organisé par Bordeaux Sciences Agro, Innovin, Agri Sud-Ouest Innovation, le Vinopole et l’UMT Seven, le concept est de montrer l’innovation numérique et robotique au travers d’un parcours sur le vignoble. Si au fil des chemins on rencontre des produits maintenant bien connus, de nouvelles têtes s’exposent.
Parmi elles, sous un beau soleil au Château Luchay-Halde, à Mérignac, support pédagogique de l’école Bordeaux Sciences Agro, impossible de rater Sentinelle, filiale d’Alcom Technologies. L’entreprise montre Vigilia, un tout nouveau concept de station agro-météo connectée. Il se présente sous la forme d’une colonne blanche de 1,10 ou 0,86 m de haut. Ce « piquet » s’installe entre deux ceps, sur un rang. Blindé de capteurs, il mesure température, hygrométrie, humectation foliaire, température et hydrométrie du sol grâce à des sondes plongées à 30 cm de profondeur. Il possède aussi deux capteurs photo pour deux prises d’images par jour. « L’objectif de notre solutions est de prévenir le développement des maladies bothrytis, mildiou et oïdium jusqu’à 7 jours à l’avance, décrit Philippe Dargent, directeur commercial. On a mis au point des modèles de prédiction de maladies alimentés par les données relevées. Tout est consultable sur notre plateforme. Le coût est de moins de 100 € par piquet et dégressif. Il faut environ 5 piquets / ha en moyenne et en fonction de l’hétérogénéité. Nous en avons installé dans les 300 ».
Au détour d’un autre chemin de vigne, l’un des 30 barnums installés abrite la start-up Deep Planet. « Nous proposons un service descriptif de vigueur, de prévision de maturité et de rendement, s’enthousiasme Christopher Pang, directeur commercial pour cette activité démarrée à l’université d’Oxford. Nos données proviennent de plusieurs satellites dont Sentinel 1 et 2 mais aussi Airbus et d’autres en fonction des besoins du producteur ». Le produit s’appelle Vinesignal. Les algorithmes mis au point utilisent également les données de terrain relevées par le producteur client de la solution. Pour l’heure, Vinesignal est surtout commercialisé à l’étranger. « Nous avons une soixantaine de clients pour 50 000 ha en tout. Cette année 2022 est le premier millésime que nous voulons faire en France. Nous proposons 3 formules de 30 à 120 €/ha/an. Le service complet comprenant l’intégration des données issues des stations météo connectées, les prévisions quotidiennes de santé, etc. »
Autre belle surprise, la start-up Vegetal Signals montre un peu plus de sa solution Hydroscore pour mesurer le statut hydrique du cep mais aussi l’attaque de maladies ! « Nous utilisons le même capteur pour les deux services de diagnostic, décrivent Noëllie Gelin, responsable agronomie et Paul Bui Quang, chargé des modèles. Nous installons au stade 8-10 feuilles un capteur pour 5 ha en moyenne. Ce capteur suit 4 ceps alignés, représentatifs de la zone, pas trop amochés si possible, homogènes en termes de vigueur et d’âge. Nous captons un ciel électrique du cep via des mesures sur le phloème. On en retire un éventuel stress hydrique et un stress biotique ». Pour le premier, Vegetal Signals donne accès aux données en temps réel sur sa plateforme Hydroscore.
« Pour ce qui est du stress biotique, notre objectif est de détecter l’infection par le mildiou, jusqu’à une semaine avant l’apparition des tâches. Le signal que nous relevons est l’entrée du filament dans la chambre stomatique. Nous calibrons le capteur, faisons des notations et affinons nos algorithmes depuis 3 ans ». Et Vegetal Signals cherche à aller plus loin. « Nous débutons la détection d’attaques d’oïdium notamment en partenariat avec l’ICV. Nous calibrerons les modèles ces prochains mois, nous ne vendons pas encore de service ». La start-up travaille notamment avec les châteaux Montrose, Pape Clement et d’autres à Bordeaux ainsi que sur une trentaines de parcelles languedociennes avec l’ICV. « Avec notre solutions, l’enjeu est de trouver dans la pharmacie ce qui est efficace à ce stade d’infection par le mildiou », précise encore la start-up. Un seul tarif exigé : 300 € par an et par capteur, tout compris.
Enfin, installée devant une carte présentant un voyage « imprévu » de caisse de vin en Europe, on en sait plus sur la start-up La Vie du vin, qui se présente comme une solution traçant et sécurisant le parcours des commandes. Son complice : un mouchard qui se présente sous forme de petite brique placée par exemple dans une caisse, ou dans une palette. Appellé « veilleur », il mesure température, hygrométrie, chocs grâce à un accéléromètre et date d’ouverture via un capteur de luminosité. « Les objectifs sont multiples, décrit Nicolas Moulin, président fondateur de La Vie du vin. Ça peut être détecter à distance les éventuels accidents de températures ou de chocs ou encore d’éventuels détournements de commercialisation. Ça peut aussi être connaître les dates d’ouverture de caisse, et ainsi savoir si un importateur a vendu. Des seuils d’alerte peuvent être définis et le client peut tout suivre en temps réel sur notre plateforme. Avec ces "veilleurs" on veut donc créer de la donnée marché qui n’existe pas encore, pour aider les producteurs à mieux maitriser leur commercialisation ». La vie du vin équipe aussi des chais. L’entreprise précise que les envois d’échantillons peuvent être aussi équipés. Les prix demandés vont de 20 € l’unité en caisse à 2500 € les 10 au chai. Une dizaine de châteaux sont déjà clients.
Quand il n’y a plus de solutions numériques, il y en a encore !