étrogradation. Il n’y a pas que le vignoble bordelais qui souffre actuellement, le Football Club des Girondins de Bordeaux va tomber en deuxième division dès la prochaine saison sportive. Et pourrait même régresser en National 3, selon la décision à venir début juillet de la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DCNG). Les revenus de la billetterie du stade et des droits de retransmission TV n’étant pas les mêmes entre L1 et L2, il manquerait 20 millions d’euros explique le vigneron Benjamin Hessel, à la tête du château des Annereaux (25 hectares en bio en Lalande de Pomerol) et d’une véritable passion pour le club scapulaire (supporter depuis 25 ans, il en est partenaire depuis 2014).
Le vigneron diffuse depuis la mi-juin un appel à la mobilisation de la filière vin, afin de préserver un club de foot de haut niveau à Bordeaux. Pour l’instant, sa lettre ouverte est restée sans réponse satisfaisante. Pour Benjamin Hessel, c’est « toujours la grande question : pourquoi la filière viticole n’est-elle pas plus impliquée dans le plus grand club de foot de la région, les Girondins ? Encore plus aujourd’hui avec les difficultés... Je peux comprendre que le foot n’intéresse pas tout le monde, mais c’est aussi un patrimoine de Bordeaux. Si l’on tombe en national 3, le club devient amateur et plus professionnel. »


L’été passé, François Pinault, propriétaire du château Latour (grand cru classé en 1855 de Pauillac) et du club de foot de Rennes (Stade Rennais) avait lancé un appel similaire, sans succès. Cela n’étonne pas Jean-Louis Triaud, longtemps président du club des Girondins de Bordeaux (de 1996 à 2017) et propriétaire de châteaux (Saint-Pierre et Gloria à Saint-Julien). « J’ai essayé il y a 20 ans d’impliquer le vignoble. 15 châteaux m’ont suivi, 2 parce qu’ils étaient convaincus et 13 parce que nous étions amis et qu’ils n’ont pas osé dire non » témoigne-t-il, se souvenant de la réponse qu’il recevait souvent : « si vous êtes bon au foot c’est bon pour notre image et ça ne nous coûte rien. Si vous êtes mauvais, ça ne nous apporte rien, mais ça ne coûte rien. » Alors que le rugby et l’équitation passionnent dans les grands crus, le football semble pâtir d’idées préconçues dans la filière vin (joueurs surpaysés, supporters violents…). Et surtout, « les sommes en jeu sont telles. Cela demande trop d’argent… C’est mal barré » conclut Jean-Louis Triaud.