ans le Jura, Bertrand de Sainte-Marie, propriétaire du domaine éponyme, a fait essayer le Sherpa, un attelage permettant de transporter les caisses de raisins de manière plus ergonomique, à ses porteurs. L’un d’eux, Stéphane, peut témoigner des effets positifs apportés par la répartition de la charge entre l’avant et l’arrière. « Cela diminue le mal de dos ressenti à la fin des journées. De même, sur terrain gras, le poids seulement à l’arrière des hottes classiques rend la progression difficile alors qu’on se trouve plus rassuré dans cette configuration équilibrée, tout en portant la même quantité de raisins », apprécie-t-il.
Le propriétaire jurassien souligne que, grâce aux épaisses mousses et à la répartition des masses, les épaules sont également mieux protégées. Mais Bertrand de Sainte-Marie met en garde sur le manque de visibilité dans les parcelles en pente. « Nous avons donc choisi de n’utiliser les caisses classiques de 25 kg que dans les parcelles planes », place-t-il.
Bertrand de Sainte-Marie observe aussi que les raisins sont mieux préservés. « C’est d’ailleurs pour l’élaboration de nos vins de paille que nous tirons le plus grand bénéfice de Sherpa. Nous remplaçons les caisses de 25 kg par deux caisses de 4 kg chacune, pour y étaler les plus beaux raisins destinés à nos vins de paille », décrit-il. Cette configuration permet au porteur d’empiler l’une sur l’autre deux caisses à l’avant et deux autres à l’arrière, « ce qui nous permet de nous passer des grandes clayettes que nous utilisions jusque-là dès la récolte au vignoble et qu’il fallait déplacer à deux », poursuit Bertrand de Sainte-Marie.
Louis Hammann, en charge des vignes du domaine Armelle et Bernard Rion, à Vosne-Romanée, en Côte-d’Or, cherche aussi à limiter les triturations. « Avec ce porte-caisse Sherpa, on supprime un transbordement des raisins. Habituellement, on vide les seaux dans des hottes, qu’on décharge dans des bacs de 300 kg qui vont à l’égrappoir. Là, on vide les seaux dans des caisses qui sont directement vidées dans l’égrappoir », a-t-il constaté à l’essai. Mais, si les raisins sont mieux traités, Louis Hammann souligne qu’il faut un opérateur de plus au chai. « Nous sommes trois, voire quatre, pour alimenter l’égrappoir, alors que deux personnes suffisent pour basculer les caisses de 300 kg. »
Louis Hammann estime tout de même avoir amélioré son débit de chantier, le Sherpa permettant de déposer les caisses directement sur le plateau de transport. « Le porteur n’a plus à se balancer pour vider une hotte et n’a qu’à déposer les caisses sur le plateau, aidé par le chauffeur qui agence les caisses. Pour optimiser encore l’utilisation du Sherpa, il faudrait pouvoir régler la hauteur de portage des caisses afin de l’ajuster au plateau de transport », ajoute-t-il. Le fabricant a depuis corrigé ce détail, permettant au porteur de poser seul, sans aide, ses caisses sur le plateau.
Bien que convaincu par l’essai, ce dernier ne pense pas s’équiper dans la mesure où il fait appel à un prestataire pour l’essentiel de ses vendanges. Il encourage ces derniers à investir pour diminuer de pénibilité du travail des porteurs. « J’ai également beaucoup apprécié l’utilisation de ce matériau issu du recyclage des ceps de vignes, pour le côté développement durable auquel je suis attaché », termine Louis Hammann.
Le système Sherpa est un exosquelette de 3,2 kg composé d’un harnais en plastique disposant d’épaulettes indépendantes et réglables. Il permet le transport de caisses à vendanges et d’embarquer 30 kg de raisins à l’avant et à l’arrière du porteur. 25 % du plastique est issu de sarments de vignes recyclés. Les caisses ne sont pas fixées à l’attelage mais leur bord supérieur est bloqué par un astucieux système de crochets réglables sur l’exosquelette. Les derniers développements de ce matériel permettent de l’adapter aux différents formats de caisses, mais aussi d’ajuster la hauteur de portage, pour déposer sur le plateau de transport. Le réseau de distribution est en cours de finalisation, pour un prix final qui devrait avoisiner les 400 €.